A quelques heures du coup d'envoi de l'Euro de football, les autorités françaises, déjà sous pression pour assurer la sécurité, étaient engagées vendredi dans une course contre la montre pour limiter les conséquences des grèves dans le ramassage des ordures et les transports.
La ministre du Travail Myriam El Khomri a assuré vendredi à l'AFP être "prête à recevoir dans la minute" Philippe Martinez, le dirigeant du syndicat CGT, en pointe du mouvement social, "si cela peut permettre de lever tous les blocages dans le pays".
Menaces sur l'acheminement normal des 80.000 spectateurs au Stade de France pour le match d'ouverture, accumulation de poubelles dans les rues de Paris... Pour le président du comité d'organisation de l'Euro-2016, la fête est "déjà" gâchée par les mouvements sociaux contestant une réforme gouvernementale.
"L'image qui est donnée n'est pas celle que nous voulions", a regretté Jacques Lambert à la radio France Inter. Quelque huit millions de personnes, dont deux millions d'étrangers, sont attendus en France durant la compétition qui s'achèvera le 10 juillet.
Les autorités, préoccupées par l'impact du conflit social sur l'image de la France, ont promis de tout faire pour limiter les perturbations, au risque de donner l'impression d'un sauve-qui-peut.
"Nous allons assurer l'acheminement" des spectateurs qui doivent assister (vendredi) au match France-Roumanie, a indiqué le secrétaire d'Etat français aux Transports, Alain Vidalies, en n'excluant pas le recours aux réquisitions de cheminots.
Contournant la grève qui affecte son trafic, la Société nationale des chemins de fer (SNCF) a mis en place des navettes spéciales entre Paris et le Stade de France, situé dans la banlieue nord de Paris, pour acheminer les supporteurs.
Les conducteurs des lignes de métro rapide desservant le plus grand stade de France ont prévenu qu'ils feraient massivement grève vendredi, risquant de provoquer une pagaille monstre.
Le président socialiste François Hollande avait déjà assuré jeudi que l'Etat prendrait "toutes les mesures nécessaires" pour assurer le succès de l'Euro-2016 malgré les grèves à répétition.
fronde sociale - 'L'euro, otage du mécontentement' -
Depuis plus de trois mois, la France est en proie à un conflit social lié à la dernière grande réforme du mandat de M. Hollande portant sur le droit du travail.
La maire de Paris, Anne Hidalgo, a promis vendredi que toutes les ordures seraient ramassées dans la capitale en dépit d'une grève cette semaine des éboueurs. Quand ? "Là, maintenant. Aujourd'hui, elles sont en train d'être ramassées", a-t-elle assuré.
La maire socialiste a néanmoins indiqué qu'il faudrait "quelques jours" pour revenir à une situation normale. Depuis le début de la semaine, les poubelles s'accumulent sur les trottoirs de Paris, offrant un spectacle peu reluisant de la "Ville lumière".
Des agents bloquent le plus important centre de traitement d'ordures ménagères du pays, l'usine d'Ivry-sur-Seine, en région parisienne. Ils ont prévu de reconduire leur grève jusqu'à mardi, journée de manifestation nationale contre la réforme du droit du travail.
"Un pays sens dessus dessous, otage d’une poignée de syndicalistes et contestataires violents. La pagaille est totale", déplorait le quotidien conservateur Le Figaro. Le Journal de la Haute Marne renchérissait: "On aurait aimé que cet Euro ne devienne pas, quelque part, l'otage du mécontentement avant même la rencontre inaugurale".
Cerise sur le gâteau : les pilotes d'Air France sont appelés à une grève à partir de samedi. Selon la direction, 80% des vols devraient être assurés samedi.
En guise de lever de rideau de la compétition, un concert géant gratuit s'est déroulé sous haute surveillance jeudi soir au pied de la tour Eiffel, avec le DJ David Guetta en tête d'affiche. Après des contrôles renforcés, les 80.000 spectateurs ont profité avec sérénité du spectacle, qui faisait office de test pour le dispositif sécuritaire mis en place dans cette fan-zone, la plus grande de la compétition.
"Malgré les fouilles, on n'est jamais totalement rassurés, mais enfin on est là", a confié Pierre, un Franco-allemand de 20 ans, en référence aux attentats de 2015 (147 morts).
Pour éviter de nouvelles attaques pendant l'Euro, le gouvernement a déployé dans le pays 90.000 policiers, gendarmes et agents de sécurité privé.