L''effet Draghi' semble toujours fonctionner à plein sur les marchés financiers, du moins pour ce qui est des actions. En revanche, l'euro tient relativement bien le choc, du moins pour l'heure. Après une chute de l'ordre de 2% la veille, la monnaie unique européenne se tassait à peine vendredi midi de 0,11% à 1,1094 dollar. Notons qu'elle reste à bonne distance de son point bas annuel, juste au-dessous de 1,05 dollar.
La tendance est également à la stabilité contre les autres grandes devises.
Lors de la conférence de presse organisée hier à l'issue du conseil des gouverneurs de la BCE, Mario Draghi, son président n'a - comme prévu - pas annoncé de mesures nouvelles.
Selon l'analyse de l'établissement émetteur, la conjoncture européenne continue sur une lancée toujours favorable, du moins pour l'instant. Ce qui semble aller dans le sens de la dernière estimation flash de l'indice PMI Markit pour la zone euro, qui est passé de 53,6 en septembre à 54 en octobre, soit l'une des plus fortes expansions mensuelles de la zone depuis quatre ans. Toutefois selon l'institut, cette tendance ne peut que difficilement présager d'une croissance du PIB supérieure à 1,5%.
'Mais des risques venus de l'extérieur persistent et pourraient provoquer un nouveau ralentissement de l'activité et empêcher l'inflation de remonter', estime la BCE, résume un analyste parisien.
De ce fait, Mario Draghi, qui avait déjà maintes fois indiqué que la BCE se tenait prête à agir davantage si nécessaire, en a rajouté une couche : 'nous étudions tout un éventail de mesures. Les commissions compétentes en ont été saisies', a-t-il notamment déclaré. Il a aussi déclaré que la position actuelle de la banque centrale n'est pas 'wait and see' ('attendre et voir'), mais qu'elle travaillait et évaluait différentes options. La BCE a donc fait savoir, en clair, qu'elle préparait quelque chose.
Histoire d'être parfaitement compris, le communiqué lu par M. Draghi indique que la BCE 'ré-examinera' sa politique monétaire lors de sa réunion de décembre, date à laquelle de nouvelles projections macroéconomiques seront publiées.
De deux choses l'une : inquiets des derniers développements conjoncturels, notamment de ceux à l'international, et des risques dont témoignent les marchés financiers, la BCE semble donc redouter une dégradation de la conjoncture en fin d'année. Le cas échéant, elle agira davantage et le fait savoir dès à présent.
Comment ? Selon la banque suisse Lombard Odier, tout est possible : prolongement du QE au-delà de septembre 2016 ; 'modification de la composition du programme en cours (étendre les maturités, jouer sur la qualité de crédit des actifs)' ; en encore l'augmentation de l'enveloppe mensuelle de rachats d'actifs, de 60 milliards d'euros à ce jour à 70 ou 80 milliards, par exemple.
La magie semble toujours opérer entre M. Draghi et les investisseurs', comment les spécialistes de Barclays (L:BARC) Bourse.
Du moins sur les actions, à en juger par l'orientation des Bourses. Sur les changes, l'euro baisse effectivement, mais il reste à des niveaux supérieurs à ceux qu'il a connu cette année alors que la perspective de nouveaux QE n'était pas encore de mise.
Rappelons qu'en menant des QE, la banque centrale dégrade la qualité de son bilan, qui lui-même est la contrepartie ultime de la devise dont elle a la charge. Sur le marché des changes, cela se traduit mécaniquement par une baisse de la valeur relative de la devise en question.
Certains cambistes doutent : ceux de de Société Générale (PA:SOGN), par exemple, doutent qu'un QE étendu pèsera significativement sur la valeur de l'euro. 'Des taux négatifs auraient davantage d'impact', estiment-ils.
'Très clairement, un accroissement et une extension du QE conjugués à une baisse du taux de dépôt seraient susceptibles d'avoir les effets les plus puissants et nous n'excluons pas que la BCE ait recours à ce cocktail lors de sa réunion du mois de décembre', suppute Natixis.
Quoi qu'il en soit, ajoute-t-on chez Aurel BGC, la porte est grande ouverte pour l'annonce de mesure destinées à 'augmenter le caractère accommodant' de la politique monétaire. Sera-t-elle franchie ? Compte-tenu du discours et des attentes qu'il nourrit, il serait toutefois très étonnant que le conseil des gouverneurs en reste une fois de plus au statu quo le 3 décembre prochain.
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