(Reuters) - Twitter devra publier de solides résultats mercredi à la clôture de Wall Street s'il veut rassurer les investisseurs échaudés par la récente chute des valeurs technologiques.
Le titre du site de microblogging a perdu plus des deux tiers de sa valeur depuis un an et a touché mardi un nouveau plus bas record à 14,32 dollars. L'action regagnait toutefois 1,1% en début de séance mercredi, à 14,56 dollars.
Plusieurs titres aux valorisations élévées ont chuté ces derniers jours, les prévisions prudentes du réseau social professionnel LinkedIn (N:LNKD) et de la société d'analyse de données Tableau Software ayant ravivé des craintes quant à la croissance du secteur.
"Le problème est que, dans le marché actuel, le moindre signe de faiblesse au niveau des perspectives sera sévèrement puni", commente James Cordwell, analyste chez Atlantic Equities.
Les investisseurs seront spécialement attentifs à la stratégie du directeur général du groupe, Jack Dorsey, pour relancer la croissance du nombre d'utilisateurs.
Au troisième trimestre, le nombre d'utilisateurs actifs mensuels de Twitter a augmenté de 11% à 320 millions de personnes, le rythme le plus lent depuis l'introduction en Bourse du groupe en 2013.
Pour faire repartir sa croissance, l'entreprise a bien lancé un service, "Moments", destiné à rassembler les meilleurs tweets de la plate-forme, mais ce projet a échoué, disent les analystes.
Twitter prévoit aussi de changer l'ordre des tweets en fonction du nombre d'utilisateurs susceptibles d'être intéressés par chacun des posts, a rapporté BuzzFeed vendredi. De nombreux utilisateurs se sont émus d'un tel projet et le mot dièse #RIPTwitter est devenu samedi le plus populaire du site aux Etats-Unis.
Certains reprochent au groupe de vouloir singer Facebook (O:FB), qui connaît une croissance bien plus soutenue avec 1,59 milliard d'utilisateurs actifs en janvier.
"Nous n'attendons qu'une croissance modeste des utilisateurs en 2016 (pour Twitter), de l'ordre de 1% par trimestre en séquentiel", écrivaient les analystes de Wedbush Securities dans une note parue vendredi.
Les analystes prévoient en moyenne un bénéfice par action de 12 cents et un chiffre d'affaires de 709,9 millions de dollars (632 millions d'euros), selon le consensus Thomson Reuters I/B/E/S.
UN PATRON TOUCHE-À-TOUT
Les fonctions de direction de Jack Dorsey à la tête du groupe de paiements mobile Square (N:SQ), en sus de son rôle chez Twitter, suscitent également des interrogations.
Rappelé en juillet après avoir été évincé, le co-fondateur de Twitter, âgé de 39 ans, a d'abord assuré l'intérim à la direction générale avant d'être confirmé en octobre. Il a appelé à "repenser avec audace" l'entreprise, sans pour autant préciser son propos jusqu'à présent.
Il a entamé une restructuration du groupe en licenciant plus de 300 employés et en embauchant des pointures du secteur, notamment Omid Kordestani, un ancien de Google (O:GOOGL) (groupe Alphabet).
Quatre dirigeants ont quitté le groupe ces derniers mois, ajoutant encore aux inquiétudes sur les perspectives de croissance de l'entreprise.
"Nous pensons que si 'Moments' avait percé, alors les dirigeants ne seraient pas partis si tôt, que ce soit de manière volontaire ou autre", notent les analystes de Wedbush Securities.
Au cours de clôture de lundi, le titre Twitter se payait 25,7 fois le bénéfice estimé, à comparer à un multiple de 30,4 pour Facebook.
"Pourquoi investir dans quelque chose comme Twitter quand Facebook affiche une valorisation similaire avec une trajectoire plus solide ? Voilà le genre de questions que se posent les investisseurs", résume James Cordwell.
(Supantha Mukherjee et Abhirup Roy à Bangalore, Julie Carriat pour le service français, édité par Véronique Tison)