par Robin Emmott
BRUXELLES (Reuters) - Salah Abdeslam, arrêté vendredi à Bruxelles, préparait sans doute une action à partir de la capitale belge, a déclaré dimanche le ministre belge des Affaires étrangères, Didier Reynders.
Le chef de la diplomatie belge a appuyé ses propos par la découverte d'armes lourdes et les révélations sur la constitution d'un "nouveau réseau" autour de Salah Abdeslam.
D'après le procureur de Paris François Molins, le suspect clef des attentats du 13 novembre à Paris et Saint-Denis a déclaré aux enquêteurs belges qu'il "voulait se faire exploser au Stade de France" mais qu'il avait "fait machine arrière".
"L'autre information que nous avons est qu'il était prêt à recommencer quelque chose depuis Bruxelles", a déclaré pour sa part Didier Reynders qui s'exprimait dimanche lors d'une conférence à Bruxelles.
"C'est sans doute la réalité car nous avons trouvé beaucoup d'armes lourdes durant nos investigations et nous avons vu un nouveau réseau graviter autour de lui à Bruxelles", a-t-il expliqué.
Reynders a ajouté que les enquêteurs belges et français avaient trouvé plus de trente personnes impliquées dans les attaques de Paris.
Le Français âgé de 26 ans a été arrêté vendredi au terme d'une cavale de quatre mois. Sa trace s'était perdue le 14 novembre au matin après trois contrôles routiers de routine.
Son nom n'était pas encore apparu dans l'enquête sur les attaques revendiquées par l'Etat islamique (EI) dans la salle de concert du Bataclan, aux abords du Stade de France et contre des terrasses de bars et de restaurants qui ont fait 130 morts et des centaines de blessés.
L'AVOCAT D'ABDESLAM VEUT PORTER PLAINTE CONTRE LE PROCUREUR MOLINS
Légèrement blessé à une jambe lors de son arrestation vendredi à Molenbeek, une commune de l'agglomération bruxelloise, et brièvement hospitalisé, il a été inculpé de "participation à des meurtres terroristes et participation aux activités d'un groupe terroriste" et incarcéré dans une prison de haute sécurité de Bruges.
Son avocat belge, Sven Mary, a annoncé dimanche son intention de porter plainte contre le procureur François Molins, qu'il accuse de violation du secret de l'instruction pour avoir divulgué ces propos.
"C'est une faute et je ne peux pas la laisser passer", a-t-il dit à la radio-télévision belge RTBF.
"Il y a eu manifestement une violation du secret de l'instruction", a-t-il insisté un peu plus tard sur iTELE. Le procureur "n'était pas présent, il n'a donc pas de connaissance de cause, il a peut-être une copie de l'audition mais il ne connaît pas le contexte et il se mêle dès lors d'une enquête à ce stade belge", a-t-il ajouté. "Je ne vois pas en quoi un procureur de la République doit, dans le cadre d'une instruction belge à ce stade-ci, communiquer."
Les autorités belges enquêtent de leur côté pour comprendre comme le fugitif a pu échapper aux services de renseignements et aux forces de sécurité pendant quatre mois. "Notre enquête doit montrer comment il a réussi à se soustraire à la police et aux forces de sécurité", a déclaré le Premier ministre belge, Charles Michel, sur RTL.
Frédéric Van Leeuw, procureur fédéral de Belgique, a souligné pour sa part sur la RTBF que le fugitif le plus recherché d'Europe s'était appuyé sur la solidarité d'amis et de voisins à Molenbeek, où il a grandi et où il tenait un bar avec son frère, Brahim, qui s'est fait exploser le 13 novembre au Comptoir Voltaire, dans le XIe arrondissement de Paris.
"Il était crédible que M. Abdeslam soit resté dans la région bruxelloise. On est toujours partis de ce point de vue-là", a ajouté le procureur Van Leeuw.
La prochaine comparution de Salah Abdeslam a été fixée à mercredi prochain, selon son avocat.
(Nicolas Delame et Emmanuel Jarry pour le service français; édité par Henri-Pierre André)