par Bate Felix
PARIS (Reuters) - Des militants de Greenpeace se sont introduits vendredi dans l'enceinte de la centrale nucléaire du Tricastin (Drôme) pour réclamer sa fermeture à la veille de l'arrêt définitif du réacteur numéro 1 de la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin), la plus ancienne de France.
Cette action survient dans un contexte d'intense débat en France sur l'avenir du nucléaire, le rééquilibrage de la production d'électricité en faveur de sources d'énergie renouvelables et la poursuite de la baisse des émissions de gaz à effet de serre.
Armés de marteaux-piqueurs en mousse pour mimer un démantèlement de la centrale du Tricastin, une cinquantaine d'entre eux ont pu accéder dans la matinée à plusieurs points du site, a déclaré une porte-parole de l'organisation écologique, Cécile Génot.
EDF (PA:EDF), l'exploitant de la centrale, a confirmé une intrusion dans la zone des bâtiments administratifs du site, mais a dit que la partie nucléaire des installations n'avait pas été atteinte.
"EDF condamne l'intrusion d'individus dans la centrale de Tricastin ce matin (...) Il s'agit d'une infraction qui donnera lieu à un dépôt de plainte", a déclaré le groupe public français dans un communiqué, ajoutant que 18 militants anti-nucléaires avaient été arrêtés et que l'intrusion n'avait eu aucun impact sur la sûreté des installations.
Les quatre réacteurs de la centrale du Tricastin, d'une capacité totale de 3.600 mégawatts (MW), étaient en état de marche dans la matinée, selon les données de RTE, l'exploitant du réseau de transport d'électricité.
Alors que l'essentiel de l'électricité est d'origine nucléaire en France, produite par des centrales vieillissantes, le gouvernement souhaite réduire la part du nucléaire de 75% à 50% d'ici 2035.
"Nous protestons et attirons l'attention sur une centrale nucléaire vieillissante qui est dangereuse et devrait être fermée", a déclaré Greenpeace.
L'organisation estime dans un communiqué que les centrales de Tricastin et de Fessenheim doivent fermer, alors que la première va fêter cette année son quarantième anniversaire d'exploitation et la seconde son quarante-troisième.
"Quarante ans est la durée de fonctionnement maximale pour laquelle les réacteurs français ont été conçus et testés", souligne l'organisation de défense de l'environnement.
"Au-delà de 40 ans, les conséquences du vieillissement des centrales sont imprévisibles. Cette année, le Tricastin dépassera sa date d'expiration: pour garantir la sécurité des personnes, il doit fermer dès que possible."
DES CENTRALES DE PLUS DE 40 ANS?
EDF a réalisé en juin des travaux de maintenance et de modernisation sur le réacteur numéro 1 de la centrale du Tricastin afin de porter sa durée de vie à 50 ans. Les militants de Greenpeace estiment cependant que le site pose de nombreux problèmes de sécurité, notamment des fissures à l'intérieur de la cuve du réacteur, qui nécessitent son arrêt immédiat et son démantèlement.
L'ASN, l'Autorité de sûreté nucléaire, doit rendre d'ici la fin de l'année un "avis générique" sur la prolongation des réacteurs de 900 MW au-delà de 40 ans.
Le réacteur nucléaire numéro 1 de Fessenheim sera mis hors tension et déconnecté du réseau électrique à 02h00 samedi, avant l'arrêt prévu du deuxième réacteur le 30 juin.
Pour les opposants à la fermeture de Fessenheim, notamment les responsables de la filière nucléaire, troisième industrie du pays, cette décision pourrait mettre en péril la sécurité des approvisionnements en électricité et la fourniture d'une énergie bon marché à faible émission de carbone.
Les deux réacteurs de Fessenheim produisent environ 12 térawattheures (TWh) d'électricité par an, soit environ 3% de la production nucléaire française sur la base de 2019.
(Avec Sudip Kar-Gupta; version française Claude Chendjou, édité par Jean-Michel Bélot)