L'agence d'évaluation financière Moody's Investors Service a baissé vendredi les notes de 12 banques britanniques, dont cinq grandes, en estimant que le gouvernement était moins enclin à leur apporter son soutien financier en cas de problème.
Cette décision intervient alors que les appels se multiplient en faveur d'une recapitalisation rapide des banques européennes. Mais le ministre britannique des Finances, George Osborne, a immédiatement réagi à la décision de Moody's en affirmant que les établissements de son pays était dans une "situation différente" de ceux de la zone euro.
Parmi les grands établissements concernés figurent les deux mastodontes Lloyds Banking Group (LBG), qui descend d'un cran de "Aa3" à "A1", et Royal Bank of Scotland (RBS), qui descend de deux crans de "Aa3" à "A2".
Ces deux banques avaient été renflouées par l'Etat à hauteur de plusieurs dizaines de milliards de livres durant la crise financière de 2008/09.
Trois autres établissements importants sont concernés: Santander UK (abaissé de "Aa3" à "A1"), Co-Opérative Bank ("A2" à "A3") et Nationwide Building Society ("Aa3" à "A2").
Trois banques majeures sont épargnées: Barclays, HSBC et Standard Chartered.
En revanche, les notes de sept établissements de moindre importance, notamment des sociétés spécialisées dans le crédit immobilier, ont été dégradées dans la foulée, de un à cinq crans.
"Moody's a pris en compte une diminution de la probabilité d'un soutien financier du gouvernement britannique en cas de besoin", a expliqué l'agence dans un communiqué.
Elle estime que, dans le climat actuel d'austérité budgétaire, "il est désormais plus probable que le gouvernement laisse les établissements plus petits faire faillite en cas de problèmes financiers" tandis que les grandes banques présentant un risque "systémique" devraient continuer à bénéficier "d'un certain niveau de soutien".
Moody's a toutefois assuré que sa décision "ne reflète pas une détérioration de la solidité financière du système bancaire" britannique.
L'agence avait fait savoir en mai qu'elle envisageait d'abaisser les notes des banques britanniques pour prendre en compte la nouvelle donne politique, le plan de rigueur adopté par le gouvernement rendant moins acceptable un soutien des contribuables au secteur financier.
"Les banques britanniques sont bien capitalisées, ont des liquidités, et n'ont pas le même genre de problèmes que celles de la zone euro en ce moment", a assuré pour sa part M. Osborne à la BBC radio.
Selon lui, le gouvernement "va dans la bonne direction" en signalant que les banques ne peuvent plus compter sur un soutien inconditionnel des contribuables.
Dans un communiqué séparé, RBS, détenue à plus de 80% par l'Etat, a qualifié de "spéculation" une information vendredi du Financial Times selon laquelle la banque ferait partie des établissements contraints de se recapitaliser rapidement en cas de plan européen concerté.
Les banques concernées étaient sanctionnées à la Bourse de Londres: vers 08H30 GMT, LBG perdait 2,33% à 35,03 pence et RBS 1,89% à 23,90 pence, dans un marché en hausse de 0,14%.