GDF Suez s'est offert jeudi le groupe britannique spécialisé dans les services énergétiques et la gestion de locaux Balfour Beatty Workplace (BBW), poursuivant ainsi sa stratégie de développement sur des créneaux porteurs, parallèlement à ses cessions d'actifs.
Le groupe a confirmé dans un communiqué vendredi le rachat de BBW, filiale du groupe de BTP britannique Balfour Beatty, valorisée à 190 millions de livres, soit près de 220 millions d'euros.
Mais déduction faite de l'endettement et engagements de retraite de la filiale, la somme payée par le géant français de l'énergie devrait être d'un peu plus de 150 millions de livres (175 millions d'euros), a précisé le vendeur dans un communiqué distinct. L'opération devrait être bouclée d'ici la fin de l'année.
"Cette opération nous permet de plus que doubler notre taille dans l'efficacité énergétique en Grande-Bretagne. Nous étions déjà très présents avec Cofely (la branche services énergétiques de GDF Suez, ndlr) sur le secteur privé. Balfour Beatty Workplace nous renforce sur le marché des collectivités locales", a fait valoir Gérard Mestrallet, le PDG du groupe, au quotidien Les Echos.
BBW, avec ses 9.000 employés et un chiffre d'affaires d'un demi-milliard de livres, gère en effet une série de contrats majeurs dans la sphère publique.
Scotland Yard
Par exemple, grâce à cette acquisition, GDF Suez va récupérer la gestion de nombreux services pour le compte de la Metropolitan Police de Londres, autrement dit Scotland Yard. BBW travaille pour elle depuis 2007, et collecte entre autres chaque semaine 20 tonnes de crottin dans les écuries de la police montée, qui servent ensuite d'engrais.
Combiné avec l'activité britannique de Cofely (2.200 employés au Royaume-Uni), le nouvel ensemble réalisera 800 millions de livres de chiffre d'affaires, selon GDF Suez, de quoi le hisser au 3e rang national derrière le britannique Mitie et le danois ISS.
Une opération qui colle parfaitement à la stratégie du groupe.
D'un côté, GDF Suez cherche à se développer de manière accélérée dans les pays émergents, ce qui était le but du rachat en 2010-2012 du britannique International Power, et sur des activités mondialement dynamiques comme le commerce du GNL.
Le groupe, qui dispose d'une flotte de 17 méthaniers et d'un épais portefeuille d'approvisionnement, vient ainsi d'effectuer sa première livraison à l'émirat de Dubaï.
Parallèlement, dans les pays développés, et plus particulièrement en Europe où le groupe, fournisseur historique d'énergie en France et en Belgique, est fortement exposé mais où la demande d'énergie est freinée par la crise, GDF Suez réduit la voilure dans la production d'énergie, en fermant des centrales électriques ou en cédant des actifs. Il vient ainsi de vendre 50% de ses activités au Portugal au Japonais Marubeni, pour 600 millions d'euros.
Mais parallèlement, il veut continuer à se développer sur le Vieux Continent sur des créneaux comme les services ou les énergies renouvelables.
"Cette acquisition illustre notre stratégie en Europe, qui est de transformer notre +business model+ en nous développant notamment dans les services énergétiques. Notre objectif est de détenir le leadership dans l'ouest européen", a ainsi rappelé M.Mestrallet aux Echos.
La division "Energie Services" du groupe compte déjà 78.200 collaborateurs pour un chiffre d’affaires annuel qui frôle 15 milliards d’euros, et le groupe veut croître de 40% dans ce secteur porteur, qui inclut les réseaux collectifs de chaleur et de froid et le pilotage de la consommation énergétique des bâtiments et usines.
Et dans ce cadre, le vaste plan de désendettement et de cessions d'actifs engagé par le groupe (avec près de 4 milliards d’euros cédés, sur un total de 11 milliards visés en 2013-2014, et une dette réduite d'un tiers à 30 milliards en six mois) lui apporte des marges de manoeuvre pour des acquisitions ciblées.