Le groupe public vietnamien de construction navale Vinashin, dont la quasi-faillite a gravement entaché la réputation financière du pays, a annoncé le licenciement de 14.000 personnes dans le cadre d'une restructuration qui verra la réduction totale de ses effectifs de 70%.
Le conglomérat était apparu au bord de la faillite en 2010 avec plus de quatre milliards de dollars de dettes, exposant au grand jour la faiblesse du secteur public, clé de l'économie vietnamienne, et provoquant une vive inquiétude des investisseurs étrangers.
Vinashin, qui employait 60.000 personnes en 2008, compte actuellement un peu plus de 26.000 salariés et va garder 8.000 personnes au terme de sa restructuration, à une date non précisée, a indiqué le groupe dans un communiqué publié lundi sur son site internet.
Sur les 18.000 postes supprimés, 14.000 personnes, dont beaucoup n'avaient plus aucun travail à faire, vont être licenciées, a précisé le texte, sans évoquer le sort des 4.000 autres emplois.
Le journal d'Etat Lao Dong s'est élevé jeudi contre ce plan qui touche une main d'oeuvre qualifiée non responsable des difficultés du groupe.
Vinashin "avait l'habitude de recevoir un traitement préférentiel pour surmonter les difficultés. Alors pourquoi n'y a-t-il pas de plan pour aider 14.000 employés, licenciés en raison de responsables irresponsables et corrompus?", a-t-il ajouté.
Avant son effondrement, Vinashin était décrite comme un fleuron de l'industrie et revendiquait des milliards de dollars de commandes, mais s'était en fait engluée dans des mauvais choix, des diversifications et des activités déficitaires.
Aucun détail n'a été donné sur la restructuration du groupe.
"Se concentrent-ils sur la construction navale et abandonnent d'autres choses ? Est-ce qu'ils consolident les chantiers navals ? Si oui, alors c'est un développement positif", a commenté jeudi Jonathan Pincus, économiste à l'Ecole Fulbright à Ho Chi Minh-Ville (sud).
Le scandale avait fragilisé le Premier ministre Nguyen Tan Dung et entaché l'image financière du Vietnam. Les agences de notation internationales avaient abaissé plusieurs de leurs notes, citant Vinashin comme un facteur de risque pour son secteur bancaire et un révélateur de la faiblesse de son appareil productif.
Une dizaine d'anciens responsables du groupe ont depuis été condamnés, pour certains à de lourdes peines de prison.