par Rodrigo Campos et Caroline Valetkevitch
NEW YORK (Reuters) - Les incertitudes géopolitiques et leur corollaire, la volatilité, sont de retour à Wall Street mais ce sont bien les résultats de sociétés du deuxième trimestre qui devraient dicter la tendance dans les prochains jours, estiment des analystes qui jugent limités les risques de correction de la Bourse américaine.
Le drame de l'avion de la Malaysia Airlines abattu en Ukraine et l'offensive terrestre d'Israël dans la bande de Gaza ont fait chuter jeudi l'indice Standard & Poor's de 1,18%, sa plus forte baisse en trois mois, et l'indice VIX mesurant la volatilité - et surnommé le "baromètre de la peur" à Wall Street - a grimpé de 32%, une hausse sans précédent depuis son bond de 40% en avril 2013 après l'attentat qui avait endeuillé le marathon de Boston.
Le marché a baissé dans des volumes supérieurs de 20% à la normale depuis le début du mois mais il a rebondi dès vendredi, le S&P-500 regagnant 1,03% tandis que le VIX retombait de 16%.
"C'est une chose d'avoir une prime de risque géopolitique - c'est comme ça qu'on perd 1% - mais c'est une autre de parler de correction durable à cause d'un différend avec la Russie", juge George Pearkes, analyste chez Bespoke Investment Group à Harrison (New York). "Pour en arriver là, il faudrait une guerre commerciale ou quelque chose du genre, et cela nous paraît peu probable."
Pour autant, les investisseurs ne doivent pas non plus attendre un fort rebond. Bespoke Investment Group a recherché les 22 précédents cas quand le VIX avait bondi de plus de 30% en une séance et calculé qu'en moyenne le S&P avait progressé de 0,77% sur la semaine qui a suivi.
Cette progression a été réalisée en général le jour suivant, quand le S&P a pris 0,73% en moyenne, et la hausse sur la semaine tend à être plus modérée encore, de 0,51% en moyenne, quand le VIX se situe - comme maintenant - à un niveau inférieur à 20.
A cette aune, le rebond de vendredi paraît significatif et inquiète même certains professionnels comme Michael O'Rourke, stratégiste chez JonesTrading à Greenwich, dans le Connecticut.
"Mon explication à moi serait qu'on a créé une bulle", dit-il en pointant du doigt la politique monétaire ultra-accommodante de la Réserve fédérale. "Rien ne montre que la Fed va changer quoi que ce soit et c'est pourquoi on a toujours des acheteurs qui reviennent dès que les cours baissent."
LES RÉSULTATS DE SOCIÉTÉS VONT PLEUVOIR
Sauf nouvelle escalade, l'attention va de nouveau se porter sur les résultats de sociétés lors de la semaine à venir et ils devraient confirmer l'amélioration de l'économie américaine au deuxième trimestre.
Les résultats bancaires passés, le marché scrute maintenant les performances des entreprises de l'"économie réelle". General Electric et Intel ont d'ores et déjà rassuré, et Apple, McDonald's, Coca-Cola et Caterpillar, parmi d'autres poids lourds de la cote, publient à leur tour cette semaine.
Au total, ce sont 60% des entreprises du S&P qui vont publier leurs comptes trimestriels d'ici vendredi.
La croissance des bénéfices du deuxième trimestre est maintenant estimée en hausse de 6,7% - en excluant la banque Citigroup, dont le profit a été amputé par une grosse amende - par rapport aux estimations de fin juin.
A ce stade, 68% des entreprises du S&P-500 ont publié des bénéfices supérieurs aux attentes alors que la moyenne historique est de 63%, selon les données de Thomson Reuters.
"Les analystes sous-estiment peut-être le niveau d'amélioration au deuxième trimestre", note Carmine Grigoli, stratégiste chez Mizuho Securities à New York.
"Tout le monde sait que le deuxième trimestre a été bien meilleur que le premier qui avait été impacté par le facteur météo", dit Bucky Hellwig, vice-président chez BB&T Wealth Management à Birmingham (Alabama), en faisant allusion à la contraction de 2,9% de l'économie américaine en janvier-mars, sa plus mauvaise performance depuis cinq ans.
"Mais il reste à voir si cette embellie n'est qu'un rebond conjoncturel lié aux conditions météorologiques ou s'il marque une réelle amélioration structurelle de la croissance."
(Véronique Tison pour le service français)