MILAN/LONDRES/PARIS (Reuters) - Les Bourses européennes ont terminé en nette baisse mardi, plombées par des statistiques qui ne laissent présager rien de bon pour la croissance économique de la zone euro.
À Paris, le CAC 40 a fini en recul de 94,94 points (2,18%) à 4.250,28 points. Le Footsie britannique a perdu 1,19% et le Dax allemand 2,63%, tandis que l'indice EuroStoxx 50 lâchait 2,43% et le FTSEurofirst 300 1,74%.
Les commandes à l'industrie ont enregistré une baisse inattendue en février en Allemagne, sous le coup notamment d'une faiblesse de la demande en provenance de l'international, en particulier de la zone euro, ce qui semble suggérer que le ralentissement économique mondial commence à se faire sentir sur la première économie d'Europe.
Cet indicateur a eu également pour effet de faire tomber le rendement du Bund à 10 ans bien au-dessous de 0,10%, pour la première fois depuis fin avril 2015, et non loin du plus bas record de 0,05% touché ce mois-là. Le rendement est revenu par la suite au niveau de 0,10%.
Les commandes allemandes ont aussi produit leur effet sur l'euro qui a subi sa première perte journalière contre le dollar en une semaine, minime toutefois.
"Ces données suggèrent un ralentissement de la croissance des exportations (...) ce qui laisse entendre que les défis à la Banque centrale européenne (BCE) pour relancer l'inflation et les anticipations d'inflation sont et restent tout aussi importants", juge Matt Cairns, chargé de la stratégie chez Rabobank.
La croissance de l'activité dans le secteur privé de la zone euro n'a par ailleurs que très peu accéléré en mars après être tombée en février à son plus bas niveau en 13 mois et la demande est restée faible, notamment dans les services, en dépit de la baisse des prix, selon les résultats définitifs de l'enquête mensuelle Markit auprès des directeurs d'achats.
"Ce n'est pas la grande forme pour les économies", résume Will Hamlyn, analyste de Manulife Asset Management. "Il y a de la nervosité accompagnant le début du trimestre; quant à la croissance, on se fait beaucoup de souci".
Tous les indices sectoriels ont fini nettement dans le rouge.
La plus grosse perte sectorielle de la journée revient à l'indice de l'automobile, qui a perdu 3,69% dans le sillage de Peugeot (PA:PEUP), plus forte baisse du FTSEurofirst 300 et du CAC-40 (-6,51%).
Le marché n'a visiblement pas été impressionné par le fait que PSA Peugeot Citroën, renommé Groupe PSA, ait présenté un nouveau plan stratégique axé sur un vaste renouvellement de sa gamme et le développement de nouveaux métiers, sans renoncer pour autant à la discipline financière, qui doit lui permettre d'atteindre 6% de marge en 2021.
L'indice sectoriel des ressources de base accuse la deuxième plus forte baisse du jour (-3,59%), entraîné par les rétrogradages du sidérurgiste ArcelorMittal (AS:ISPA) (-5,93%) et du groupe minier Glencore (-5,31%).
Ce sont surtout les banques italiennes qui ont pesé sur l'indice européen de leur secteur, qui vient juste derrière l'automobile et les ressources de base avec un recul de 3,23%.
Banco Popolare a cédé 8,05% et son homologue Banca Popolare di Milano 6,56%, deuxième et troisième baisses du Stoxx 600.
Les banques italiennes pensent que la Banque centrale européenne fixera tôt ou tard des délais à certaines d'entre elles pour qu'elles se défassent de leurs créances douteuses, dit-on dans les milieux bancaires.
Trois autres établissements bancaires, Deutsche Bank (DE:DBKGn), Intesa Sanpaolo (MI:ISP) et Société Générale (PA:SOGN), accusent les trois plus fortes baisses de l'EuroStoxx 50 (-5,07%, -4,33% et -4,29% respectivement). Trois valeurs allemandes de l'automobile prennent les trois places suivantes, Volkswagen (DE:VOWG_p) (-4,01%), BMW (DE:BMWG) (-3,75%) et Daimler (DE:DAIGn) (-3,52%).
(Avec Danilo Masoni, Alistair Smout et John Geddie, Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Véronique Tison)