par Stephen Jewkes et Gianluca Semeraro
MILAN (Reuters) - UniCredit, la première banque italienne, a annoncé mardi son intention de lever 13 milliards d'euros de capitaux frais dans le cadre du plus important appel au marché jamais mis en oeuvre en Italie, avec un double objectif de renforcement de son bilan et d'amélioration de sa rentabilité à long terme.
UniCredit lance ce plan stratégique à l'horizon 2019 à un moment délicat pour le secteur bancaire italien avec, d'un côté, l'installation d'un nouveau gouvernement à Rome et la perspective d'élections anticipées en début d'année prochain et, de l'autre, le risque de faillite de Banca Monte dei Paschi di Siena (MI:BMPS), la troisième banque du pays.
Seule banque italienne considérée d'importance systémique pour la finance mondiale, l'établissement a vu sa capitalisation boursière fondre de plus de moitié cette année en raison des craintes suscitées par son niveau de rentabilité, par le poids de ses créances douteuses et par un bilan moins solide que celui de ses principaux concurrents européens.
UniCredit entend lancer son augmentation de capital au premier trimestre 2017, le produit de l'opération devant contribuer au financement de la sortie de son bilan de 17,7 milliards d'euros de mauvaises créances.
Cet argent frais est aussi censé lui permettre de gonfler ses bénéfices et les dividendes et de porter son ratio de fonds propres au-dessus de 12,5% d'ici trois ans.
La banque va aussi sabrer dans ses effectifs. Elle prévoit de supprimer 14.000 emplois, soit environ 11% de son personnel à fin 2015.
Avec les cessions d'actifs annoncées, Pekao et Pioneer notamment, ses effectifs auront diminué d'un tiers d'ici 2019 par rapport à leur niveau de la fin de l'année dernière.,
SOLUTION DE LONG TERME?
"Nous prenons des mesures déterminées pour gérer les problèmes hérités du passé (...) pour devenir l'une des banques les plus attractives d'Europe", a dit l'administrateur délégué Jean-Pierre Mustier.
Ce plan stratégique est salué en Bourse de Milan par une progression du titre de 8,50% à 2,63 euros à 09h36 GMT, soit la plus forte hausse de l'indice européen FTSEurofirst 300 (+0,56%) et de l'indice bancaire européen (+1,07%).
Il implique cependant des pertes exceptionnelles de 12,2 milliards d'euros dans les comptes du quatrième trimestre, en raison de dépréciations de créances et de coûts de restructuration.
La réussite de ce plan dépendra de la capacité de la banque, qui a déjà levé 14,5 milliards d'euros depuis la crise financière de 2008, à convaincre les investisseurs qu'il constitue une solution de long terme.
Jean-Pierre Mustier a déclaré à la presse que les problèmes rencontrés par Monte dei Paschi n'entraveraient pas la mise en oeuvre du plan d'UniCredit.
"J'ai une grande confiance dans le fait que (les problèmes de) Monte Paschi seront réglés d'ici la fin de l'année et que cela n'aura donc aucun impact sur notre augmentation de capital", a-t-il dit.
La Banque centrale européenne (BCE) a donné jusqu'à la fin de l'année à Monte dei Paschi pour renforcer son bilan et, selon des sources au sein du Trésor italien, l'Etat se tient prêt à intervenir si la banque toscane ne parvient pas à lever auprès d'investisseurs privés les 5 milliards d'euros dont elle a besoin.
UniCredit va céder ses créances douteuses par le biais de deux véhicules d'investissement dans lesquels elle conservera une participation minoritaire.
(Avec Valentina Za; Benoit Van Overstraeten et Bertrand Boucey pour le service français)