par Elizabeth Pineau
PARIS (Reuters) - Syrie, migrants, droit du travail et fiscalité, sujets majeurs de l'élection présidentielle à venir, devraient dominer la sixième conférence de presse semestrielle de François Hollande, lundi à l'Elysée.
L'hypothèse d'une extension à la Syrie des frappes de l'aviation française contre l'Etat islamique, jusqu'ici limitées à l'Irak, aurait été évoquée lors d'un conseil de défense vendredi, a rapporté Le Monde.
Elle devrait faire l'objet de "précisions" du chef de l'Etat lors de sa prestation de deux heures devant les journalistes, dit-on dans l'entourage de François Hollande.
La crise syrienne est à l'origine de l'afflux de milliers de migrants aux frontières de l'Europe, qui a conduit le président français et la chancelière allemande, Angela Merkel, à se rallier à l'idée d'imposer aux Vingt-Huit des quotas de réfugiés.
Une proposition qui se heurte à l'hostilité d'une partie des pays européens, en particulier la Hongrie.
Très vif en Allemagne, le débat sur l'accueil des demandeurs d'asile a commencé à prendre de l'ampleur en France, notamment après la publication, cette semaine, de photographies du corps d'un garçonnet syrien de trois ans mort noyé sur une plage turque.
Au chapitre national, François Hollande devrait concrétiser son engagement de faire baisser les impôts en 2016 "quoi qu'il arrive."
Selon des sources gouvernementales, la baisse de l'ordre de deux milliards d'euros concernerait l'impôt sur le revenu et ciblerait les Français aux revenus modestes et moyens, pour atténuer l'impact du "choc fiscal" du début du quinquennat.
REVENUS MODESTES ET MOYENS
L'un des outils disponibles est de reculer le seuil d'entrée dans la première tranche imposable, qui fixe à 9.690 euros le montant des revenus annuels à partir duquel les ménages sont imposables -- à 14% jusqu'à 26.764 euros.
Autres hypothèses : un travail sur la décote ou bien une réduction d'impôt forfaitaire, comme cela a été fait en 2014.
Le ministre des Finances, Michel Sapin, a assuré que le gouvernement avait les moyens de financer cette nouvelle baisse d'impôt en réduisant les dépenses publiques.
Des précisions présidentielles sont aussi attendues sur le droit du travail, que le Premier ministre souhaite réformer tout en excluant de toucher aux 35 heures.
Pas question" de revenir sur la durée légale de la semaine de travail, mais il est temps de réformer un "Code du travail si complexe qu'il en est devenu inefficace", a dit Manuel Valls à l'université d'été du Parti socialiste à La Rochelle.
Le Premier ministre fera des propositions à ce sujet mercredi, après la remise d'un rapport commandé au conseiller d'Etat Jean-Denis Combrexelle sur "La négociation collective, le travail et l'emploi."
La présentation des mesures se fera en présence de Myriam El Khomry, qui vient de remplacer François Rebsamen au ministère du Travail.
L'exécutif continue de chercher des moyens de créer des conditions favorables à l'emploi, dans un contexte de croissance molle et de chômage record dont la courbe tarde à s'inverser.
A trois mois d'élections régionales périlleuses pour les socialistes, François Hollande devra aussi tenter de remobiliser une gauche divisée et troublée par le mea culpa présidentiel sur les décisions prises en début de quinquennat, en particulier l'annulation de la TVA sociale décidée par son prédécesseur, Nicolas Sarkozy.
Moins de trois semaines après la fusillade du Thalys, la lutte contre le terrorisme sera aussi abordée par le président lors d'une conférence de presse qui lui permettra d'être présent sur la scène intérieure avant la longue séquence internationale préalable au sommet mondial sur le climat en décembre.
Le compte à rebours de rendez-vous, où la France espère un accord historique, sera lancé jeudi à l'Elysée.
(Edité par Yann Le Guernigou)