Le ministre de l'Action et des comptes publics, Gérald Darmanin, chargé de la fonction publique, a clos mardi ses premières rencontres avec les syndicats de fonctionnaires en assurant qu'il serait "à l'écoute des agents", mais en affirmant sa "solidarité" avec les engagements du gouvernement.
M. Darmanin a reçu tour à tour depuis mardi dernier les neuf syndicats de la fonction publique, privée de ministère à part entière dans le nouveau gouvernement. Elle représent 5,4 millions d'agents (20% de l'emploi en France).
Dernière organisation à le rencontrer, la CFE-CGC a salué "un interlocuteur qui semble attaché à mettre en place un dialogue social constructif" et qui rencontrera à nouveau les syndicats avant le 14 juillet.
Auparavant, la CFTC et la FA-FP, reçues également mardi, avaient évoqué un ministre "assez ouvert" qui appliquera sans surprise "la feuille de route" d'Emmanuel Macron.
Le ministre lui même n'a pas dit autre chose, à l'occasion d'une rencontre avec la presse. S'il assure vouloir être un ministre "à l'écoute des agents du service public et de leur mal-être quand il y en a", il a souligné qu'il était aussi un ministre "solidaire" du gouvernement et de son "engagement budgétaire".
A ce titre, sur l'objectif de suppression de 120.000 postes dans la fonction publique, il a reconnu qu'"effectivement, on voit venir un nombre important de suppressions de postes, mais qui n'est pas un nombre de fonctionnaires ou d'agents publics (supprimés)", a-t-il souligné. "Il faut d'abord regarder la modernisation de l'État", a-t-il observé, sans fixer de rythme, ni de délai pour ces suppressions, avant "concertation".
Et sur un autre sujet à dimension budgétaire, s'il a confirmé un rendez-vous salarial "à l'automne", le ministre a exclu une hausse du point d'indice (qui sert au calcul de la rémunération des fonctionnaires, NDLR) en 2017, après la revalorisation de 1,2% en deux fois, en juillet 2016 et février 2017, décidée par le précédent gouvernement.
Mais cela ne veut "pas dire qu'il n'y en aura pas pendant le quinquennat", a-t-il ajouté.
"L'objectif" de supprimer 120.000 postes de fonctionnaires "sera maintenu" mais pas sans "un état des lieux préalable", avait indiqué à l'AFP Denis Lefebvre (CFTC) après sa rencontre avec M. Darmanin
Pour Bruno Collignon de la FA-FP (Fédération autonome), le ministre a "certes réaffirmé la feuille de route du président et du Premier ministre mais les arguments mis en débats n'ont pas été associés à une fin de non-recevoir".
A la presse, M. Darmanin a dit sa volonté de passer "beaucoup de temps sur le terrain" pour "écouter l'ensemble des agents" dont le mal-être ne s'explique "pas seulement par manque de rémunération ou d'effectifs mais aussi par manque de consignes claires".
La suppression de 120.000 postes, la rémunération au mérite, les attaques contre le statut, le rétablissement d'un jour de carence, évoqués par Emmanuel Macron en campagne et confirmés par M. Darmanin, font partie des "casus belli" à venir pour la CGT, Solidaires et dans une moindre mesure FO, qui salue néanmoins la volonté affichée de "débat de fond sur les missions".
La FSU, 5e force syndicale mais première chez les enseignants, juge la feuille de route "sans surprise", avec une "dimension budgétaire (qui) va peser".
Quant à la CFDT, elle croit au "dialogue social" en faveur d'une "modernisation" de la fonction publique, mais pas "sans réflexion préalable sur les missions". Même chose pour l'Unsa, qui salue la volonté de dresser "un état des lieux".