L'horizon ne semble guère s'éclaircir pour Siemens, déjà engagé dans un très gros programme de restructuration et alors que ses dirigeants ont multiplié ces derniers jours les messages peu optimistes sur l'activité du conglomérat industriel allemand.
Le groupe de Munich (sud) n'attend dans l'immédiat "aucune impulsion de la conjoncture mondiale et des marchés" et "ne perçoit encore rien" d'un rebond économique, a averti il y a quelques jours son patron, Peter Löscher.
Mais en plus d'un environnement économique poussif, Siemens souffre aussi de projets industriels de plus en plus coûteux.
Le directeur financier Joe Kaeser a d'ailleurs averti, dans le quotidien régional Rheinische Post ce week-end, que ces "défis actuels (...) laisseront des traces sur les chiffres (financiers, ndlr) du deuxième trimestre".
"Les signes d'un affaiblissement de l'activité se multiplient" chez Siemens, résume Thilo Heidrich, analyste chez Postbank.
"La performance opérationnelle du groupe sera faible", en déduisent les analystes de la Société générale. Un avis pessimiste visiblement partagé à la Bourse de Francfort, où le titre perdait 2,18% à 79,03 euros à 12H20 GMT.
Le fabricant de centrales électriques, de trains ou d'appareils médicaux a déjà décidé de prendre à bras le corps ses problèmes de rentabilité déclinante avec un vaste programme d'économies de 6 milliards d'euros pour fin 2014.
Ce plan, annoncé à l'automne sans chiffre global de réduction des effectifs, est ensuite décliné par branche. La semaine dernière, c'était au tour des responsables de l'activité industrie de dévoiler leurs recettes pour gagner en productivité: cela passera par 3.000 suppressions de postes, pour plus d'un tiers en Allemagne.
Le pays berceau du groupe écope aussi d'environ 1.100 postes en moins dans la division énergie, essentiellement sans licenciement sec.
Déjà largement dépassé par GE
Le pari lancé il y a quelques temps d'atteindre à moyen terme un chiffre d'affaires de 100 milliards d'euros paraît aujourd'hui très ambitieux. Sur le dernier exercice (2011/2012), ses revenus ont atteint 78,3 millions d'euros et ceux de l'année en cours devraient s'en approcher.
Son concurrent historique, l'américain General Electric, dont le périmètre d'activité est tout aussi diversifié, s'approchait déjà en 2012 des 150 milliards de dollars de chiffre d'affaires.
Parmi les dossiers à problème du groupe figure la livraison de nouveaux trains à grande vitesse ICE à Deutsche Bahn. En décembre, des problèmes logiciels dans les systèmes de commande ont été découverts, retenant les machines à l'usine plusieurs mois de plus. Cela pourrait bien valoir au groupe des pénalités de retard.
Autre déboire, les projets de champs éoliens offshore en mer du Nord, que Siemens a du mal à raccorder au réseau électrique.
Egalement dans le domaine des énergies renouvelables -- un secteur pourtant censé être promis à un bel avenir, surtout en Allemagne --, Siemens a tout simplement jeté l'éponge dans l'énergie solaire, ne parvenant pas à en faire une activité rentable.
"En partie, nous nous sommes un peu trop hâtés à rentrer sur de nouveaux marchés. Cela coûte maintenant de l'argent", a reconnu Joe Kaeser.
En prime, le groupe n'est pas encore parvenu à se défaire de sa filiale d'ampoules électriques en difficulté Osram. Après avoir échoué à l'introduire en Bourse directement, Siemens a finalement décroché un large feu vert en janvier pour rendre indépendant Osram dans un premier temps, avec le projet de le mettre en Bourse ensuite.
Mais quelques actionnaires lui ont mis des bâtons dans les roues, lançant une action en justice pour contester le vote lors de l'assemblée générale. Finalement Siemens peut quand même poursuivre son projet, mais aura pris une nouvelle fois du retard.