Les ministres des Finances du G20 devaient se retrouver à partir de jeudi à Washington, en marge des réunions du FMI et de la Banque mondiale, pour maintenir le cap d'une économie mondiale désorientée, entre autres, par les Etats-Unis.
Depuis le sommet des chefs d'Etat du G20 à Saint-Pétersbourg en Russie en septembre, le panorama mondial s'est assombri en raison de la paralysie budgétaire américaine et des incertitudes entourant la réduction des mesures de soutien à l'économie de la Réserve fédérale (Fed), la banque centrale américaine.
"L'économie mondiale avance à faible vitesse, les moteurs de l'activité changent et les risques de dégradation persistent", a résumé le Fonds monétaire international (FMI) dans ses projections économiques mardi.
"Le ralentissement de la croissance dans les économies émergentes, les possibles évolutions des politiques monétaires des économies avancées mais aussi la situation budgétaire de certains membres du G20 seront au centre des discussions", selon le gouvernement français qui évoque, sans les citer, les Etats-Unis qui tiennent le monde en haleine.
Les marchés financiers, sous perfusion d'argent facile fourni par la Fed, vivent depuis plusieurs semaines dans l'expectative, s'interrogeant sur le moment où la Banque centrale américaine asséchera le flux de liquidités.
Ces incertitudes ont eu un impact important sur les pays émergents qui ont vu leurs monnaies plonger, leurs indices boursiers chahutés et leurs coût de financement augmenter, après que nopmbre d'investisseurs eurent anticipé la décision de la Fed en commençant à retirer leur argent. Plus généralement, leur croissance économique a fortement ralenti, même si elle reste élevée.
Ces évènements "mettent en lumière des nouvelles inquiétudes pour la stabilité financière", a averti mercredi José Vinals, directeur du département des marchés financiers au Fonds.
Ce ne pourrait être que le début, selon le FMI. "Les anticipations d'abandon progressif de la politique monétaire accommodante aux Etats-Unis pourraient (...) révéler des zones d'excès financier et de vulnérabilité", indique son rapport semestriel sur la stabilité financière mondiale. "Nous allons écouter avec beaucoup d'attention ce qu'auront à dire nos collègues indiens, brésiliens", a déclaré en début de semaine une source gouvernementale allemande.
Les ministres des Finances des pays les plus puissants du monde commenteront sans doute à ce sujet la désignation mercredi par Barack Obama de Janet Yellen à la tête de la Fed, une nomination qui devrait assurer la continuité de la politique actuelle d'argent facile.
"Nous avons besoin d'Etats-Unis forts"
Ils plancheront aussi sur un deuxième point d'interrogation posé sur l'économie mondiale par les Etats-Unis: jusqu'à quand va durer la paralysie budgétaire de l'Etat fédéral?
Depuis dix jours, l'incapacité des démocrates et républicains à trouver un accord sur le budget a conduit l'Etat fédéral à fermer ses services non-essentiels et à mettre des centaines de milliers de fonctionnaires au chômage technique.
Cette question en appelle une deuxième: ce conflit politique risque-t-il de provoquer un défaut de paiement du pays si le plafond de la dette n'est pas relevé par les parlementaires d'ici la fin de la semaine prochaine ?
Les marchés financiers ne cèdent pas pour l'instant à la panique mais leur nervosité semble aller croissant.
Le FMI juge la probabilité d'un défaut "faible", mais ses conséquences seraient cataclysmiques: les Etats-Unis pourraient replonger "en récession ou pire", a averti Olivier Blanchard, chef économiste de l'institution. Le Fonds a d'ailleurs abaissé mardi ses prévisions de croissance mondiale en arguant notamment de "l'incertitude" budgétaire et monétaire aux Etats-Unis.
Pour la source gouvernementale allemande, le représentant américain au G20-Finances devra rassurer ses partenaires car "nous avons besoin d'Etats-Unis forts".
Reste qu'il n'est pas sûr que Washington accepte de se voir stigmatiser dans le communiqué final attendu vendredi, un texte où chaque mot est pesé au trébuchet et âprement négocié. Selon une source proche d'une délégation, "cela finira peut-être par une périphrase que tout le monde comprendra".