Le gouvernement japonais a pointé vendredi "des faiblesses" dans la reprise de l'économie, qui subit le contrecoup d'une hausse de la taxe sur la consommation, même si le Premier ministre reste confiant sur le succès de ses "Abenomics".
Dans une tribune publiée le même jour par le Wall Street Journal, Shinzo Abe défend sa politique de relance, objet de critiques face au ralentissement observé dans l'archipel.
"Nous avons déjà vu des progrès dans l'emploi et les salaires. Ne vous y trompez pas, le Japon émergera de la contraction économique", assure-t-il, à quelques jours d'un voyage à New York pour assister à l'Assemblée générale des Nations unies.
Le produit intérieur brut (PIB) a chuté de 1,8% entre avril et juin comparé au trimestre précédent. Il s'agit du plus fort recul depuis celui consécutif à la triple catastrophe (séisme, tsunami, accident nucléaire) survenue en mars 2011.
La consommation des ménages, "également affectée par un mauvais temps, a semblé marquer une pause récemment", "l'investissement des entreprises a montré des signes de faiblesse", la production industrielle aussi et "les exportations stagnent", résume le gouvernement dans son rapport mensuel, révisant à la baisse son diagnostic pour la première fois depuis avril.
S'il dit espérer une reprise "à court terme", il reste vigilant, n'excluant pas que l'entrée en vigueur début avril d'une "TVA nippone" à 8% (contre 5% auparavant) ne pèse durablement sur l'activité.
En fonction de l'évolution de la conjoncture, le Premier ministre se prononcera en fin d'année pour ou contre une nouvelle augmentation de cet impopulaire impôt indirect (à 10%), initialement prévue en octobre 2015 pour tenter d'enrayer la colossale dette du pays.
"Nous allons regarder attentivement comment l'économie se redresse en juillet, août et septembre", a déclaré M. Abe lors d'un discours à Tokyo vendredi, se disant "inquiet de l'impact sur la consommation".
"Une hausse de taxe est censée apporter plus de revenus, mais nous ferions plus de tort que de bien si ces revenus n'affluaient pas parce cette hausse nuit à l'économie".
"Nous ne devons pas manquer l'occasion de nous débarrasser de la déflation", qui mine l'archipel depuis une quinzaine d'années, a-t-il prévenu.
Le chef du gouvernement a fait de la fin de la baisse des prix son principal objectif depuis son arrivée au pouvoir en décembre 2012.
"Certains affirment que les réformes structurelles du Japon - ce que j'appelle la "troisième flèche" des Abenomics, aux côtés des deux premières flèches monétaire et budgétaire - sont à l'arrêt et que les salaires ne suivent pas le rythme des prix. Mais il n'y a pas de raison de s'alarmer", insiste-t-il dans le quotidien américain. "La stratégie de croissance mise en oeuvre porte ses fruits".
Et de rappeler, alors qu'il entame un "second chapitre" à la tête d'une nouvelle équipe, les réformes déjà entreprises ou en bonne voie: baisse de l'impôt sur les sociétés (pour atteindre à terme de 20 à 29% contre 35% aujourd'hui), libéralisation du marché de l'électricité, promotion du secteur de l'agriculture...
Shinzo Abe se félicite aussi des dispositions prises pour lutter contre le vieillissement de la population et le déclin de la natalité, mettant en avant les efforts faits pour encourager le travail des femmes.