Le président russe Dmitri Medvedev a fait les yeux doux mercredi aux nombreux banquiers et patrons présents à Davos pour le premier jour du Forum économique mondial, dans l'espoir de les convaincre d'investir en Russie, malgré l'attentat qui a endeuillé lundi le pays.
Devant le gotha des affaires et de la politique, M. Medvedev a expliqué que l'attentat de l'aéroport moscovite de Domodedovo qui a fait 35 morts, était destiné à l'empêcher de venir ouvrir la 41ème édition du grand rendez-vous annuel du Forum dans l'est de la Suisse.
"Ils s'attendaient à ce que leur acte mette la Russie à genoux. Ils s'attendaient à ce que leur acte nous place sur la défensive. Ils s'attendaient et espéraient que le président de la Russie ne viendrait pas ici", a-t-il assuré.
"C'est le critère qu'ils ont retenu pour choisir le moment et la place de cette action. Mais ils ont fait un mauvais calcul", a martelé M. Medvedev expliquant qu'il avait maintenu sa visite à Davos pour bien montrer qu'il ne cédait pas à de telles pressions.
Il a ensuite redoublé d'effort pour expliquer que la Russie n'était pas une cible privilégiée. "Malheureusement, aucun pays dans le monde n'est immunisé contre le terrorisme", a-t-il insisté. "Cela peut arriver n'importe où, n'importe quand".
L'argument a été suivi d'une longue argumentation sur les nouveaux atouts de la Russie qui se rêve en nouvelle terre d'opportunité pour les investisseurs.
"La Russie est très souvent critiquée", notamment pour son "manque de démocratie, la faiblesse de ses systèmes législatifs et judiciaires", a reconnu le président russe, admettant que le pays était "confronté à de nombreuses difficultés pour établir un Etat de droit, moderne".
"Mais une chose très claire doit être comprise", a-t-il insisté. "Des changements majeurs sont en cours dans la vie publique. Nous avançons, en particulier dans la lutte contre la corruption et la modernisation du système judiciaire".
"Nous apprenons et sommes prêts à recevoir des conseils amicaux... mais pas des leçons", a prévenu le président.
Après le lancement d'un gigantesque projet de construction de stations de ski dans le Caucase du Nord, les patrons russes présents à Davos devraient ainsi profiter de l'occasion pour multiplier les contacts dans l'espoir de sceller de nouvelles alliances, comme celle conclue récemment entre le groupe pétrolier BP et le russe Rosneft.
Sur le plan international, M. Medvedev s'est par ailleurs félicité du renversement du régime de l'ex-président Ben Ali en Tunisie, qui constitue une "leçon substantielle" pour tous.
Il a toutefois espéré qu'il n'y ait pas d'effet de contagion dans la région alors que les manifestations se multiplient en Egypte pour réclamer le départ du président Hosni Moubarak, au pouvoir depuis 1981.
Ces questions devraient être à nouveau abordées cette semaine à Davos aux côtés des sujets économiques brûlants du moment tels que la fragilité de la zone euro, les politiques de restrictions budgétaires dans les économies riches, la vulnérabilité des systèmes financiers et les risques de surchauffe dans les pays émergents.
Le président français, Nicolas Sarkozy, qui doit développer jeudi son programme pour le G20, ne devrait pas manquer de les aborder, de même que le Premier ministre britannique David Cameron et la chancelière allemande Angela Merkel.
Cette dernière est particulièrement attendue sur l'euro, alors que l'Allemagne traîne des pieds pour renforcer le Fonds de soutien à la zone, actuellement à l'étude.
Illustrant la montée en puissance des émergents et le déplacement du pouvoir économique et politique vers l'est, la Chine sera également à l'honneur jeudi, fêtant les 10 ans de son accession à l'Organisation mondiale du commerce (OMC).