Les soldes, qui commencent le lendemain de Noël au Royaume-Uni, ont démarré sur les chapeaux de roue cette année, mais les économistes se demandent si la clientèle ne cherche pas avant tout à profiter des derniers jours d'une TVA à 15%, augurant alors un mois de janvier morose.
La fréquentation des magasins a augmenté de 18,55% le 26 décembre, jour férié dit de "Boxing Day", par rapport au Boxing Day de 2008, selon des chiffres communiqués par le fournisseur de données Experian.
Dimanche, la fréquentation était en hausse de 17,92% par rapport au même dimanche de l'an dernier.
Selon Richard Dodd, porte-parole du Consortium du commerce de détail britannique (BRC), il s'agit "du démarrage le plus fort des soldes d'après-Noël que nous ayons vu depuis des années... pour ne pas dire le démarrage le plus fort de tous les temps".
M. Dodd reste cependant prudent : "La grande question est de savoir si cette dynamique va se poursuivre l'an prochain et jusqu'à quel point il ne s'agit pas seulement d'un intermède dans la morosité".
Beaucoup d'économistes se demandent en effet si la clientèle ne s'est pas précipitée sur les soldes dès les premiers jours, pour échapper au retour de la TVA à 17,5% au 1er janvier, après un an passé à 15% pour encourager la consommation.
"Nous attendons une ruée sur les articles les plus chers, comme les téléviseurs, où les 2,5% font une différence. C'est en tout cas ce que les clients nous disent", a observé James Bailey, directeur du centre commercial de Cabot Circus à Bristol (ouest de l'Angleterre).
La hausse de la TVA en janvier "a le pouvoir de faire caler la reprise naissante", a de son côté estimé l'économiste Jörg Radeke, de l'institut de recherche CEBR, qui aurait souhaité le maintien à 15% jusqu'en juillet 2010. Le Royaume Uni est toujours officiellement en récession, alors que la France et l'Allemagne en sont sorties au deuxième trimestre.
Le BRC a publié lundi une étude indiquant que les commerçants s'attendaient pour 2010 à un chiffre d'affaires comparable à celui de 2009, aucun ne pensant qu'il sera pire et un cinquième estimant qu'il sera meilleur.
"L'intérêt précoce de la clientèle pour les soldes va renforcer la probabilité d'une sortie de récession au quatrième trimestre", notait Howard Archer d'IHS Global Insight. "Mais il aura du mal à dissiper l'impression que les dépenses de consommation resteront limitées pour encore un certain temps".
Selon l'économiste, les Britanniques épargnent de plus en plus: le taux d'épargne, négatif à -0,7% au premier trimestre 2008, est passé à un plus haut depuis onze ans et demi au troisième trimestre, à 8,6%.
Un nouveau débat est apparu dans la foulée des soldes: celui sur l'ouverture des magasins le dimanche, limitée depuis 1994 à une durée de six heures pour les magasins de plus de 280 mètres carrés. D'autant que Boxing Day tombera un dimanche l'année prochaine.
Gordon McKinnon, directeur du Trafford Centre à Manchester (centre de l'Angleterre), a assuré que 20.000 personnes se pressaient déjà dans son centre commercial dimanche avant l'ouverture des portes, et que 30.000 étaient toujours à l'intérieur à la fermeture, à 18h00.
"Repousser la clientèle dans les conditions économiques actuelles, c'est de la folie", a-t-il dit.
Selon M. McKinnon, plusieurs centres commerciaux régionaux feront campagne auprès du gouvernement cette année pour obtenir un aménagement de la loi.