Les membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) étaient engagés mardi dans un ultime round de négociations avant la réunion du cartel mercredi où la conclusion d'un accord pour limiter leur production semblait de plus en plus compromis, entraînant une volatilité accrue des prix.
Depuis plusieurs semaines, les tractations vont bon train entre les 14 membres du cartel pour mettre en place des quotas par pays destinés à relancer des prix déprimés par une surabondance d'offre depuis l'été 2014.
Mais si un tel accord est réclamé à cor et à cri par les pays les plus dépendants de la manne pétrolière comme le Nigeria ou le Venezuela, il achoppe sur les fortes rivalités entre l'Iran et l'Arabie saoudite, et la situation précaire de certains producteurs en guerre, à l'image de l'Irak et de la Libye.
De son côté la Russie, qui a accepté de limiter mais non de réduire sa production, a répété ce mardi qu'elle ne prévoyait pas de participer à la réunion du cartel mercredi à Vienne.
"Il n'y a pas de nécessité, il faut d'abord que l'Opep tienne sa réunion. Bien sûr, s'il y a un consensus et que l'Opep prend une décision, nous nous mettrons d'accord au plus vite", a déclaré le ministre russe de l’Energie Alexandre Novak, cité par l'agence Ria-Novosti.
Le ministre algérien de l’Energie Noureddine Boutarfa et son homologue vénézuélien Eulogio del Pino se sont rendus lundi à Moscou pour tenter de convaincre la Russie d'abaisser sa production de 600.000 barils par jour, soit plus que les 500.000 bj de baisse que lui proposait jusqu'ici le cartel.
Les ministres de l'Opep sont convenus il y a deux mois à Alger, lors d'une réunion informelle, de ramener leur production entre 32,5 et 33 millions de barils par jour (mbj) et de parvenir à un accord avec d'autres grands producteurs, notamment le premier d'entre eux, la Russie, qui s'y est dit favorable sur le principe.
- Résistances iraniennes et russes -
Mais alors que l'Arabie saoudite, poids lourd du cartel, semblait jusqu'alors juger "impératif" qu'un consensus soit trouvé pour appliquer l'accord d'Alger, elle a porté un coup dur aux discussions ce week-end en avançant qu'une baisse de l'offre n'était pas obligatoire et que les prix du pétrole allaient se stabiliser même sans intervention du cartel.
Même si certains observateurs y voyaient avant tout de la part de Ryad une pression de dernière minute sur des pays comme l'Irak et l'Iran, ces déclarations ont fait baisser les cours du brut vendredi, avant qu'ils ne remontent nettement lundi à la faveur de propos jugés encourageants de l'Irak.
L'inquiétude reprenait toutefois le dessus mardi sur les marchés après la confirmation que Moscou n'assisterait pas à la réunion du cartel.
A 10h30 GMT, le Brent, référence européenne du brut, s'échangeait à 47,40 dollars, en baisse de 84 cent par rapport à lundi, tandis que le WTI, la référence américaine, déclinait de 89 cents à 46,19 dollars.
"Le groupe d'experts n'a fait aucun progrès visible et tout est laissé à la réunion formelle de demain", estime Olivier Jakob, analyste chez Petromatrix.
L'Iran, qui n'est enclin qu'à accepter un gel de sa production, "retarde le processus" des négociations en renvoyant toute décision à mercredi, ce qui fait en retour le jeu de la Russie "qui ainsi n'a pas à s'engager à quoi que ce soit avant la réunion de l'Opep", selon M. Jakob.
Le président russe Vladimir Poutine et son homologue iranien Hassan Rohani ont d'ailleurs fait part lundi soir, au terme d'une conversation téléphonique, de leur soutien aux mesures prises par le cartel.
Reste à savoir si un accord peut encore être efficace alors que l'Opep a pompé plus de brut que jamais en octobre - 33,64 mbj -, que la production russe a beaucoup augmenté ces dernières années pour atteindre plus de 11 mbj, et que plusieurs membres de l'Opep demandent à être exemptés de mesure contraignant leur offre.