Le marché des logements de luxe a redémarré à Paris, en partie grâce à l'afflux d'acheteurs provenant du Moyen-Orient, fuyant l’insécurité dans la région liée au conflit en Syrie, notent les professionnels.
Un hôtel particulier de 2.600 mètres carrés datant de la fin du XIXe siècle, situé dans le XVIe arrondissement, a été vendu pour 44 millions d'euros à une famille princière du Golfe, a annoncé la société spécialisée Daniel Féau.
Une telle transaction, toujours rare, atteste d'un net rebond du marché des biens d'exception depuis l'été.
Ce regain des transactions concernant les biens de luxe (à partir de 1 million d'euros) ou d'exception est lié à une baisse des prix, de l'ordre de 8% en un an sur ce marché de niche, qui représente 5% des transactions parisiennes, estime Féau.
Selon la société Emile Garcin, elle aussi spécialiste des biens de luxe, le recul atteint 15% en un an et demi, et les prix se sont stabilisés aujourd'hui.
Mais il est également dû à "l’arrivée d’acquéreurs provenant du Moyen-Orient et du Proche-Orient, qui fuient l’insécurité grandissante de la région liée à la Syrie", constate Daniel Féau.
"Beaucoup, en particulier des Libanais, sont très inquiets de l'évolution de la situation syrienne, et ils suivent la famille, les amis qui se sont exilés à Paris, où il y a déjà une communauté libanaise importante", a déclaré à l'AFP Charles Marie Jottras, président de Daniel Féau.
Certains riches Syriens se sont réfugiés en France plus tôt, selon les professionnels.
"Paris, comme Londres, a une tradition d'accueil de la clientèle moyen-orientale: dans les royaumes pétroliers, les grands-parents avaient un hôtel particulier sur l'avenue Foch... les petits-enfants sont plutôt allés étudier aux Etats-Unis, mais cette troisième génération revient", note M. Jottras.
"Cette semaine, nous signons avec beaucoup de Libanais", indique Nathalie Garcin, qui co-dirige cette société familiale. "Ce sont des familles inquiètes, qui souhaitent ne pas tout laisser dans leur pays, et investissent aussi à Londres". "C'est assez tabou, ils n'en parlent pas vraiment, mais leur inquiétude est palpable", dit-elle. "Nous avons aussi beaucoup d'acquéreurs du Qatar".
Les Américains aussi
Par ailleurs le reste de la clientèle internationale, qui s’était clairsemée depuis l’été 2012, revient sur le marché des belles résidences parisiennes avec "le sentiment d’acheter dans une période permettant de faire de bonnes affaires", notamment les Américains, traditionnels amoureux de Paris, affirme de son côté M. Jottras.
"L'image d'enfer fiscal de la France est en train de s'estomper: les Américains ont compris qu'ils n'étaient pas concernés par la plupart des nouvelles dispositions fiscales", commente-t-il.
Les acquéreurs en provenance de Russie, qui se montrent inquiets de l'évolution politique de leur pays, "semblent rechercher une certaine sécurité pour une part de leur patrimoine", selon lui, et sont bien présents, tout comme les Chinois.
En revanche dans le reste de la France, le marché des belles demeures n'est pas sorti des difficultés, mais les endroits à la mode résistent bien, tels la Provence, les Alpilles, le Lubéron, Saint Tropez, la Côte d'Azur, énumère-t-on chez Emile Garcin.
Nombre de résidences secondaires y sont à vendre à des prix parfois très attractifs compte tenu de leur récente baisse, si l'on en croit les professionnels.