La Consob, le gendarme de la Bourse en Italie, a donné son feu vert à la banque italienne en difficultés BMPS pour qu'elle rouvre une opération de conversion d'obligations subordonnées en actions aux particuliers, lui permettant ainsi de mener plus sereinement son augmentation de capital.
La BMPS est le maillon faible du système bancaire italien, dont la fragilité inquiète à travers l'Europe.
La troisième banque italienne et plus vieille de la planète a annoncé jeudi le lancement d'une augmentation de capital dont elle espère lever jusqu'à 5 milliards d'euros d'ici la fin de l'année.
Un éventuel échec de cette recapitalisation via le marché ouvrirait la voie à un sauvetage public.
BMPS a affiché les pires résultats lors des tests de résistance publiés fin juillet par l'Autorité bancaire européenne (EBA). Ces tests mesurent la capacité d'une banque à résister à des chocs conjoncturels.
Pour redresser la situation, la banque, dont le titre a chuté de plus de 80% depuis début 2016, a présenté fin novembre un vaste plan de sauvetage prévoyant cette augmentation de capital et la cession de 27,6 milliards de créances douteuses, des prêts risquant de ne jamais être remboursés.
Un premier acte, une opération de conversion volontaire d'obligations en actions, a déjà permis de récolter plus d'un milliard d'euros.
La banque avait demandé dimanche de pouvoir rouvrir cette opération aux particuliers qui en étaient exclus, soit quelque 40.000 petits épargnants.
BMPS a annoncé vendredi dans un communiqué avoir reçu le feu vert de la Consob, une bonne nouvelle pour la banque qui espère récolter ainsi entre 1 et 2 milliards d'euros.
La conversion sera rouverte de ce vendredi 08H00 GMT au 21 décembre 13H00 GMT.
La Banque centrale européenne (BCE) a réaffirmé cette semaine que l'augmentation de capital devait se faire avant le 31 décembre, refusant le délai jusqu'au 20 janvier demandé par la banque.
Elle a expliqué qu'un retard pourrait entraîner "une détérioration supplémentaire de la position de liquidité et une dégradation des coefficients patrimoniaux, mettant à risque la survie de la banque". En outre, selon elle, un report en janvier "ne garantirait pas un contexte de marché plus favorable".
- Nouveau gouvernement -
Les investisseurs semblaient peu enthousiastes ces dernières semaines en raison du passif de la banque mais aussi du contexte: l'instabilité politique née de la victoire du non au référendum constitutionnel du 4 décembre.
Les deux chambres du Parlement ont néanmoins voté la confiance au gouvernement de Paolo Gentiloni, ce qui devrait rassurer les investisseurs.
BMPS n'a pas encore fait mention de la participation ou non du fonds du Qatar Qia, dont elle espérait un milliard d'euros.
L'augmentation de capital se fera au prix maximum de 24,90 euros par action, alors que le titre a terminé jeudi à 20,66 euros.
Quelque 35% de l'augmentation de capital sera réservée au public en Italie, dont 30% avec un droit de préemption pour les actionnaires de BMPS. Les 65% restants seront réservés aux investisseurs institutionnels, italiens ou étrangers.
En cas d'échec de cet appel au marché, le nouveau gouvernement a assuré qu'il était prêt à "intervenir pour garantir la stabilité des institutions" bancaires et "les économies des citoyens". L'Etat injecterait des fonds selon une procédure baptisée "recapitalisation préventive".
Celle-ci impose auparavant une mise à contribution des actionnaires et détenteurs d'obligations subordonnées --via une conversion cette fois forcée des obligations à un niveau beaucoup moins intéressant que celui proposé actuellement.
Mais le gouvernement étudie un mécanisme pour compenser les pertes que subiraient les petits épargnants, alors que de nombreux Italiens ont souscrit ce type d'obligations sans en connaître les risques.
La Monte navigue en eaux troubles depuis des années. Fragilisée par l'acquisition désastreuse en 2007 de la banque Antonveneta, puis par un scandale lié à des malversations, la BMPS a accumulé les pertes (14 milliards entre 2011 et 2015).
Depuis 2014, elle a déjà mené deux augmentations de capital d'un montant total de huit milliards d'euros, de l'argent déjà parti en fumée.
Le système bancaire italien dans son ensemble est dans l'oeil du cyclone en raison de son éclatement (quelque 700 établissements) et de l'importance des créances douteuses dans son portefeuille (360 milliards d'euros, soit près d'un tiers du total de la zone euro).