Un mètre trente de neige au bas des pistes, un soleil radieux, des prix sacrifiés, etpourtant, en cette première semaine de vacances de printemps, les stations de ski comme Val d'Isère (Savoie) restent désespérément vides.
Val d'Isère a choisi de fermer son domaine le 5 mai et les toits des chalets sont encore couverts d'une épaisse couche de neige. Mais les pistes sont des boulevards vides et les habituelles files d'attente aux remontées mécaniques qu'un lointain souvenir de cet hiver.
"Il y a une barrière psychologique. Avec l'hiver particulièrement long que l'on a eu, les touristes veulent maintenant de la chaleur et préfèrent aller en bord de mer", observe le président du syndicat des hôteliers de Val d'Isère, Renaud Mattis.
Sur la trentaine d'hôtels de la station, six ont fermé prématurément et ceux qui sont ouverts sont remplis à seulement 30%, selon le président du syndicat.
L'Hôtel Grand Paradis, situé en front de neige, a fermé avec trois semaines d'avance par rapport à ce qui était prévu faute de réservation. "Avec le chauffage, le personnel... ce n'était pas rentable de rester ouvert", a calculé la directrice Caroline Weiss, qui pourtant proposait 40% de réduction pour des réservations de dernière minute.
"C'est le désert"
"C'est le désert, une catastrophe", lance Martine Pawik, responsable d'une agence immobilière dans le centre de la station de Val d'Isère. L'agence, qui a en location quelque 500 appartements, a enregistré une baisse de 60% de son chiffre d'affaires pour avril par rapport à l'année dernière, alors que les vacances débutent à peine.
"Des efforts ont pourtant été faits", souligne Mme Pawik, qui a proposé des réductions de 20% sur les tarifs basse saison.
L'office de tourisme a elle aussi bien tenté d'attirer la clientèle avec une offre spéciale à 173 euros par personne comprenant trois nuits, deux jours de forfait et une demi-journée de découverte du domaine avec un moniteur de l'Ecole de ski français (ESF). Mais pour Mme Pawik, cela reste "du jamais vu".
"La neige est là, mais on ne peut pas faire de miracle", constate-t-elle un brin désabusée, même si la station propose aussi un forfait de ski enfant pour un forfait adulte acheté.
Un sentiment partagé par la plupart des professionnels rencontrés, particulièrement remontés contre des vacances scolaires tardives qui s'étalent cette année du 13 avril au 12 mai.
Alors que les vacances de printemps représentaient ces dernières années environ 15% du chiffre d'affaires des stations la plupart d'entre elles fermeront vers le 20 avril. A cela s'ajoute le fait que les Parisiens qui représentent la principale clientèle des stations sont les derniers à partir en vacances.
Les moniteurs attendent le client
Assis à la terrasse du café, ce sont les moniteurs de ski qui peaufinent leur bronzage et attendent le client sans grande illusion. "C'est une grosse claque. D'habitude on est au taquet pendant les vacances", glisse Alessandro Carlyle, lunettes de soleil sur le nez.
"Les vacances de printemps se rapprochent de l'été, de fait les réservations sont moins nombreuses", reconnaît timidement le directeur de l'ESF, Patrice Monnier, qui préfère vanter les atouts du ski de printemps, plus "contemplatif", moins intensif que l'hiver.
"Nous avons tout fait pour redresser la barre et faire vivre la station jusqu'au bout. Je suis assez optimiste. Sans ces offres cela aurait été pire", estime le directeur de l'office de tourisme qui attend la fin de saison pour faire les comptes.
Il faut dire que la saison 2012-2013 a très bien débuté à Noël avec des chutes de neige abondantes à toutes les altitudes. En dépit de vacances de printemps que certains estiment gâchées, la saison s'annonce globalement comme un bon cru.