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Immolation à France Télécom: le PDG veut reconnaître l'accident de service

Publié le 01/06/2011 15:30
Mis à jour le 01/06/2011 18:20

Le PDG de France Télécom-Orange, Stéphane Richard, a demandé que le suicide d'un de ses salariés, qui s'est immolé par le feu le 26 avril à Mérignac (Gironde), soit reconnu "sans attendre" comme un "accident de service", a annoncé mercredi la direction du groupe à l'AFP.

Stéphane Richard "a demandé à ce que soit engagée la procédure conduisant à la reconnaissance du suicide" comme "un accident de service", a indiqué le groupe.

L'employé de 57 ans, qui avait le statut de fonctionnaire, a mis fin à ses jours en s'immolant par le feu sur le parking du site de France Télécom-Orange de Mérignac. Dans une lettre adressée à sa direction en septembre 2009, il affirmait notamment être "en trop".

La reconnaissance d'un suicide comme accident de travail (ou accident de service pour les fonctionnaires) donne droit pour son conjoint à une indemnisation par la Sécurité sociale. Cette indemnisation peut être majorée en cas de reconnaissance de la "faute inexcusable" de l'employeur et complétée par une réparation de ce dernier.

La décision du PDG de France Télécom fait suite à un rapport réalisé par le médiateur du groupe, Jean-François Colin. Selon la direction, il a estimé que les circonstances du suicide du salarié "constituent une présomption d'imputabilité de son décès à l'exercice de son activité".

"Sur la base de cette recommandation et sans attendre les résultats des autres enquêtes en cours (justice, CHSCT)", Stéphane Richard a demandé "à ce que l'imputabilité au service de ce drame soit prononcée afin d'engager le processus d'indemnisation de la famille".

"Vu l'émotion qu'il y a eu suite au suicide de Mérignac, le fait que le PDG s'engage personnellement sur cette reconnaissance-là est quelque chose de positif", a déclaré Patrick Ackermann (SUD) à l'AFP, pointant toutefois "une procédure exceptionnelle qui est un peu le fait du prince".

"Les syndicats sont demandeurs d'une procédure plus cadrée à laquelle soient associés au moins les CHSCT (Comités d'hygiène et de sécurité) pour qu'il puisse y avoir des représentants des salariés dans ce genre d'enquêtes", a-t-il insisté, regrettant de ne pas avoir pu consulter le rapport de M. Colin.

La CFE-CGC a salué de son côté une "bonne décision".

Le PDG "Stéphane Richard est assez courageux, responsable, parce qu'en le reconnaissant en accident de service, il reconnaît la responsabilité de l'entreprise et il pourrait se mettre lui en péril", car "sa responsabilité pénale" peut être engagée, a expliqué Sébastien Crozier (CFE-CGC) à l'AFP.

"Il se trouve qu'il est clairement établi que le suicide de notre collègue trouve son origine dans une époque qui n'est pas celle de la direction de M. Richard. Il n'en reste pas moins que c'est une décision courageuse", a-t-il ajouté.

M. Crozier faisait référence à l'époque où le groupe était dirigé par Didier Lombard. Ce dernier avait dû céder les rênes à M. Richard en mars 2010, après avoir été fragilisé par une vague d'une trentaine de suicides de salariés entre janvier 2008 et fin 2009.

Selon l'"Observatoire du stress et des mobilités forcées", crée par des syndicats du groupe après la vague de suicides, il y a eu environ 60 suicides depuis 2008 au sein de l'entreprise qui compte quelque 100.000 salariés, dont 60% ont le statut de fonctionnaire.

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