Le gouvernement allemand a révisé mercredi légèrement à la hausse sa prévision de croissance pour 2012, à 0,8%, mais l'a nettement abaissée pour 2013, à 1%, à cause de la crise en zone euro et du ralentissement dans les pays émergents.
Dans ses précédentes prévisions, en date d'avril, Berlin misait sur une croissance de 0,7% en 2012 et de 1,6% en 2013, après une forte croissance de 3% l'an dernier.
"L'économie allemande s'est maintenue malgré les turbulences de l'économie mondiale et reste en croissance. (...) Mais l'Allemagne traverse un temps orageux, lié à la crise des dettes souveraines en Europe et au ralentissement des économies émergentes en Asie et en Amérique latine", a déclaré le ministre de l'Economie Philipp Rösler, en présentant ces chiffres à la presse.
Le ministre a également abaissé sa prévision d'inflation pour 2012 à 2%, contre 2,3% annoncés en avril, tout en maintenant celle pour 2013 inchangée, à 1,9%.
Ces nouveaux objectifs, dont les détails avaient filtré dans la presse allemande ces derniers jours, montrent que "les mesures d'austérité budgétaire ont un effet amortissant sur l'activité économique nettement plus important que ne l'escomptait la plupart des pronostics", ont souligné les analystes de la banque Deutsche Bank.
Surtout, ces prévisions rejoignent celles du Fonds monétaire international (FMI) et des principaux instituts économiques allemands qui avaient décidé récemment d'abaisser leurs attentes pour la première économie européenne en 2013.
Le FMI table désormais sur une croissance de 0,9% en 2012 et 2013, tandis que les instituts allemands prévoient 0,8% pour 2012 et 1% pour 2013.
Dans leur rapport d'automne, ces instituts avertissaient qu'en Allemagne "la croissance économique (allait) rester faible pour le moment, et (semblait) ne pouvoir se redresser légèrement que dans le courant de l'année prochaine".
Tout en reconnaissant ce ralentissement, le gouvernement allemand a exclu tout effondrement de la croissance. "Au contraire, l'économie allemande est robuste et reste sur des bases structurelles solides. Beaucoup d'indices permettent d'envisager que l'économie mondiale retrouve son élan en 2013", a ajouté M. Rösler.
Signe de cette légère amélioration, l'indice Zew, baromètre du moral des milieux financiers en Allemagne, s'est redressé pour le deuxième mois consécutif en octobre à un niveau meilleur qu'attendu par les analystes.
Cette progression "semble indiquer que le trou noir de l'été est derrière nous", a estimé Heinrich Bayer, analyste de la banque Postbank.
Toujours mieux portante que ses voisins en Europe, l'Allemagne continue de tirer parti de son marché du travail vigoureux et de ses exportations dynamiques.
Comme au printemps, M. Rösler a profité de cette conférence de presse pour appeler les partenaires de l'Allemagne en zone euro à respecter leurs engagements et à réformer leur économie.
"Nos voisins européens doivent oeuvrer pour un environnement stable, une consolidation de leur budget et prendre des mesures pour renforcer leur compétitivité. Mais nous devons également remplir nos objectifs et réduire les obstacles à la croissance", a-t-il poursuivi.
Il a notamment rappelé le souhait du gouvernement de convaincre la chambre haute du Parlement de voter des baisses d'impôts, bloquées en mai, afin de soutenir la consommation.
M. Rösler a toutefois souligné que la zone euro était sur la bonne voie, se félicitant notamment des progrès réalisés dans la ratification du pacte budgétaire par les Etats-membres.