Malgré la baisse continue des taux d'intérêts, les crédits immobiliers accordés par les banques continuent de plonger au troisième trimestre, un effondrement qui va ramener le niveau des transactions dans l'ancien à celui de 2009, la pire année de la dernière crise immobilière.
Le montant des crédits immobiliers accordés par les banques aux particuliers a continué d'enregister un très fort recul au troisième trimestre avec une chute de 24,3% par rapport à la même période de 2011, selon une étude de l'Observatoire Crédit Logement/CSA publiée jeudi.
"En août, la production a fortement reculé (...) puis en septembre, alors que le marché retrouve habituellement de la vigueur avec la rentrée, la reprise a été très molle", indique Crédit Logement dans son étude.
Pour les 9 premiers mois de 2012, la chute est encore plus brutale avec une baisse de 30,5% par rapport à la période correspondante de 2011.
Le paradoxe de cette situation réside dans le fait que le taux des crédits immobiliers se maintient à un niveau très bas et continue de baisser.
En effet les taux d'intérêt reculent depuis mars et ne sont plus très loin de leur plus bas niveau historique depuis 1945 (3,25% en moyenne) atteint en novembre 2010.
Ils se sont en effet établis en moyenne à 3,38% en octobre contre 3,43% en septembre et 3,97% par exemple en janvier.
Autre paradoxe: les exigences des banques pour l'apport personnel des emprunteurs se sont dernièrement stabilisées, voire légèrement améliorées, selon Michel Mouillart, professeur d'économie à l'Université Paris-Ouest et auteur de l'étude.
Moins de ménages jeunes et modestes
Mais la peur du chômage, les inquiétudes sur le pouvoir d'achat et la disparition du Prêt à taux zéro (PTZ) pour les acquisitions dans l'ancien tétanisent les potentiels acheteurs. Le secteur de l'ancien est ainsi plus touché (-38,9%) que le neuf (-19,5%) pour les crédits accordés.
Le niveau des transactions de logements anciens devrait ainsi tomber à 550.000 en 2012 contre 700.000 l'an dernier, soit une chute supérieure à 20%.
Ces sont les ménages les plus jeunes et les plus modestes qui sont les plus affectés.
Ainsi la part des ménages âgés de moins de 35 ans, parmi les emprunteurs, a baissé de 5 points depuis 2009. Et le pourcentage des emprunteurs les plus modestes, ceux qui gagnent moins de 3 SMIC, est tombé de 41,6% du total en 2009 à 38,1% actuellement.
"Dans l'ensemble, ce sont les ménages les plus aisés qui bénéficient de ce bouleversement du marché. Le mouvement s'accélère en 2012, en dépit d'un marché de la revente grippé: la part des 4 SMIC et plus est maintenant de 38,2% contre 33,3% en 2009", écrit Crédit Logement.
Pour l'ensemble de l'année 2012, les crédits immobiliers accordés par les banques devraient être d'un peu plus de 115 milliards d'euros, soit une baisse de près de 30% par rapport à 2011 (un peu moins de 162 milliards), loin du record absolu de 2007 (170,2 milliards),
"Une chute d'une telle ampleur et d'une telle rapidité, on ne l'a jamais connue. Durant la dépression de 2008-2009, il aura fallu deux ans pour en arriver là. Cette fois-ci, il aura suffi d'un an", souligne M. Mouillart.
De plus, ajoute-t-il encore, "tout porte à croire que le marché ne se redressera pas dans les mois qui viennnent vu l'ampleur de la crise".
Ce renversement de tendance survient après une explosion de ces crédits depuis le début du siècle qui avait contribué à la bonne tenue du marché immobilier en France : 70,8 milliards en 2001, 87,3 en 2003, 143,7 en 2005 et 170,2 en 2007.