LONDRES (Reuters) - Le prix du bitcoin a perdu jusqu'à 18% mardi pour tomber à son plus bas niveau depuis près d'un mois, la menace d'un encadrement strict des transactions sur la plus médiatisée des cryptomonnaies se faisant de plus en plus précise.
La chute du bitcoin s'est propagée à d'autres monnaies virtuelles comme l'Ethereum, qui a cédé jusqu'à 23% selon le site spécialisé Coinmarketcap, et le Ripple, dont la baisse a atteint 33%.
Le site d'information sud-coréen Yonhap s'est fait l'écho mardi de propos du ministre des Finances de la Corée du Sud, Kim Dong-yeon, sur la volonté du gouvernement de mettre en place une série de mesures pour endiguer l'engouement "irrationnel" pour les cryptomonnaies.
Lundi, Séoul avait déclaré que son projet d'interdiction pure et simple des plates-formes de transactions sur les cryptomonnaies n'était pas encore achevé et que les discussions se poursuivaient sur le sujet.
Après les informations de Yonhap, le bitcoin est tombé jusqu'à 11.191,59 dollars sur la plate-forme Bitstamp basée au Luxembourg, soit une baisse de 18%. Vers 11h00 GMT, il cédait 11,8% à 12.002,01 dollars.
Sa chute avoisine désormais 45% par rapport au pic de la mi-décembre à près de 19.700 dollars, amputant d'environ 130 milliards de dollars (107 milliards d'euros) la valeur totale des bitcoins existants. Celle-ci avait été multipliée par près de 20 sur l'ensemble de 2017.
CORÉE, CHINE ET ALLEMAGNE VEULENT ENCADRER LE MARCHÉ
L'engouement pour les cryptomonnaies l'an dernier, qui a attiré des milliers d'investisseurs individuels et parfois néophytes, a conduit plusieurs pays à afficher ces dernières semaines leur volonté d'encadrer ce marché dont l'essor est favorisé par l'absence de toute réglementation spécifique.
En Chine, un responsable de la banque centrale a prôné mardi une interdiction pure et simple des plates-formes de transactions sur les cryptomonnaies, selon un document que Reuters a pu consulter.
Pékin a déjà interdit les émissions de "jetons digitaux" ou tokens, les ICO (initial coin offerings, des levées de capitaux en cyptomonnaies) et limité les possibilités de "minage", c'est à dire de création de bitcoins.
Si les autorités américaines restent pour l'instant discrètes sur le sujet, des voix s'élèvent en Europe pour réclamer elles aussi la mise en place d'un cadre réglementaire: en décembre, l'Union européenne entend mettre fin à l'anonymat des transactions sur les cryptomonnaies au nom de la lutte contre le blanchiment et le terrorisme () et lundi, un dirigeant de la Bundesbank allemande a plaidé pour une coordination mondiale de la réglementation.
"Il semble que l'incertitude ébranle les marchés (...) faute de clarté sur la réglementation", a déclaré mardi Charles Hayter, fondateur du site spécialisé Cryptocompare, ajoutant que les investisseurs "prennent des profits face à la perspective d'une montée des risques".
(Jemima Kelly; Marc Angrand pour le service français, édité par Blandine Hénault)