Les investisseurs américains vont chercher la semaine prochaine à justifier leur soudain regain d'optimisme, après une semaine de crise de nerfs qui a vu Wall Street s'enfoncer dans la déprime avant d'effacer pratiquement ses pertes.
Lors des quatre dernières séances, la semaine économique n'ayant commencé que mardi en raison d'un jour férié, l'indice vedette Dow Jones Industrial Average a gagné 0,66% à 16.093,51 points et le Nasdaq, à dominante technologique, 2,29% à 4.591,18 points.
Particulièrement surveillé par les investisseurs, l'indice élargi S&P 500 a pris 1,42% à 1.906,90 points.
Des progressions, les premières de l'année, qui sont trompeuses.
"La semaine a été extrêmement volatile", a noté Hugh Johnson, chez Hugh Johnson Advisors, estimant que "beaucoup de ce qui s'est passé était dû à des réactions très émotionnelles sur les marchés des matières premières et du pétrole".
Selon lui, "cela a vraiment mis à l'épreuve la confiance d'investisseurs très avertis", ébranlés en dépit de résultats d'entreprises "globalement solides" et de "statistiques économiques un peu troublantes mais de l'ordre de ce qu'on attendait".
"Psychologiquement on était tellement au fond (...), que la première bonne nouvelle a fourni le prétexte pour un rebond", a expliqué Tom Cahill, chez Ventura Wealth Management, en évoquant un discours du président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, sans originalité mais suffisant pour que les investisseurs essaient de croire à la possibilité de nouvelles mesures de relance.
"La question c'est: est-ce qu'on monte pour de bonnes raisons?", s'interroge Gregori Volokhine chez Meeschaert New York, évoquant un marché "maniaco-dépressif".
- Rien n'est résolu -
"Rien n'a été résolu ces deux derniers jours", a-t-il souligné.
Pour essayer de rationaliser leurs réactions, les investisseurs devront décortiquer une nouvelle salve de résultats d'entreprises, dont plus du tiers des valeurs du Dow Jones.
Parmi elles, Apple (O:AAPL), très attaqué depuis la fin décembre, publie ses résultats mardi soir.
Toujours influente en raison de son titre de plus grosse capitalisation mondiale, la firme de Cupertino joue également de plus en plus le rôle d'un indicateur économique.
"Ces résultats seront un révélateur de l'état de la demande en Chine et dans l'ensemble du secteur technologique", a noté Tom Cahill, alors que plusieurs analystes tablent sur un ralentissement des ventes d'iPhones.
D'autres stars de la nouvelle économie, en pleine vitalité comme Facebook (O:FB) et Amazon (O:AMZN) mercredi et jeudi, ou sur le retour comme Yahoo! et Microsoft (O:MSFT) mardi et jeudi, doivent également faire le point sur leur activité.
Globalement, les résultats d'entreprise seront l'occasion de faire un bilan de l'impact du dollar fort, a noté M. Johnson, avec notamment des multinationales comme Procter & Gamble, Johnson & Johnson ou encore United Technologies, ainsi que l'une des majors pétrolières, Chevron (N:CVX).
"Les entreprises sont extrêmement bien gérées, elles augmentent leurs profits, mais le problème c'est qu'elles ne peuvent pas créer de la demande", a souligné M. Volokhine.
Du côté de la macro-économie, les investisseurs guetteront mercredi le communiqué publié à l'issue de la réunion du comité de politique monétaire de la Réserve fédérale.
"On attend les mêmes platitudes" qu'on a entendues dans la bouche de M. Draghi, a dit M. Volokhine, "qu'il y a des vents contraires et que les objections d'inflation risquent d'être atteints plus tard que prévu", ce qui reviendrait à repousser la perspective d'une nouvelle hausse des taux.
Toute indication que la Fed resterait prudente dans le rythme des hausses des taux "serait perçue comme positive", a estimé M. Cahill.
"Nous aurons aussi un premier aperçu du Produit intérieur brut du quatrième trimestre", vendredi, a noté M. Johnson, soulignant que "les attentes ont été revues en forte baisse": les experts de Bloomberg attendent en moyenne une croissance de 0,9%, mais ceux de Macroeconomic Advisers de 0,3% seulement.
Ils ont invoqué pour expliquer leur pessimisme le rebond inférieur aux attentes des reventes de logement en décembre, avant les chiffres sur les ventes de logements neufs et les promesses de ventes attendus la semaine prochaine.
"L'inquiétude c'est que la baisse du prix des actions signale une récession, et certains disent qu'elle a commencé au quatrième trimestre" 2015, a noté M. Johnson.