Le fabricant suédois de voitures de luxe Koenigsegg a annoncé mercredi l'entrée du constructeur chinois BAIC dans le groupe formé pour racheter Saab à General Motors, une arrivée qui dégage l'horizon du constructeur suédois en difficulté.
Le groupe public Beijing Automotive Industry Corporation (BAIC), le cinquième constructeur chinois, va prendre une participation minoritaire dans Koenigsegg Group, l'alliance d'investisseurs menée par Koenigsegg pour racheter Saab Automobile, a indiqué Koenigsegg.
"Koenigsegg Group va acheter 100% de Saab Automobile. L'objectif est de conclure un accord final plus tard cette année", a ajouté Koenigsegg, un minuscule constructeur de bolides pour millionnaires.
"En vertu de l'accord d'intention, BAIC va devenir un actionnaire minoritaire de Koenigsegg Group", a-t-il précisé.
Koenigsegg avait confirmé mi-août le rachat de Saab mais avait dit qu'il devait trouver 3 milliards de couronnes (290 millions d'euros) pour boucler la transaction. Saab avait assuré mardi que son rachat était financé.
Outre Koenigsegg et le chinois BAIC, Koenigsegg Group comprend le riche entrepreneur américain Augie Fabela, qui en est l'actionnaire majoritaire, ainsi que le norvégien Baard Eker.
"Nous sommes désormais prêts à continuer sans financement d'Etat", s'est félicité Christian von Koenigsegg, directeur général du groupe et fondateur de Koenigsegg.
Le gouvernement suédois a toujours été opposé à une prise de participation dans l'ancien fleuron de son automobile et a exigé que le financement soit bouclé pour éventuellement garantir un prêt de 400 millions d'euros demandé par Saab auprès de la Banque européenne d'investissement (BEI).
"C'est très bien que la société ait écouté le gouvernement et veillé à trouver les fonds privés", a salué mercredi la ministre suédoise des Entreprises, Maud Olofsson, citée par l'agence TT, en refusant néanmoins de se prononcer sur BAIC en particulier.
Koenigsegg Group a exigé l'obtention du prêt de la BEI pour boucler l'opération Saab.
Le porte-parole de Saab a souligné mercredi que l'accord ouvrait la voie au prêt européen. "Le gouvernement nous a dit qu'à partir du moment où nous assurions le financement (de l'acquisition), les chances d'avoir une garantie étaient très élevées", a déclaré Eric Geers à l'AFP.
L'accord ouvre aussi des pistes en Chine pour Saab, qui doit lancer plusieurs modèles l'an prochain, dont sa nouvelle berline, la Saab 95.
"Saab n'a pas de réelle présence en Chine et via Beijing Automotive nous allons avoir accès au marché chinois", a dit M. Geers.
Interrogé sur ce que le constructeur chinois chercherait en retour, il a souligné que Saab avait "de nombreuses compétences pour développer et produire des voitures, avec une des usines les plus efficaces en Europe".
Saab, qui a décliné depuis 1990 durant les deux décennies passées dans le giron de General Motors avec des pertes chroniques et un vieillissement de sa gamme, a vendu seulement 93.000 voitures l'an dernier.
Le plan de relance de Koenigsegg prévoit un objectif de 150.000 ventes annuelles.
GM, qui essaie lui aussi d'assurer sa survie, a mis en vente en décembre dernier le constructeur suédois et ses quelque 4.000 employés.
Candidat malheureux au rachat d'Opel, BAIC emploie lui plus de 40.000 personnes et a produit plus de 700.000 véhicules en 2007. Son nom revient dans la presse parmi les candidats chinois intéressés pour le rachat à Ford de l'autre constructeur suédois, Volvo. Son compatriote Geely a aussi officiellement exprimé son intérêt.
Koenigsegg, fondé en 1994, ne produit que quelques bolides surpuissants par an à des prix dépassant le million d'euros. Il emploie seulement 45 personnes.