Investing.com -- L'évolution récente des marchés financiers suggère que la relation de longue date entre les actions et les prix du pétrole s'est effilochée, et cette divergence devrait se poursuivre dans un avenir prévisible.
Traditionnellement, ces deux classes d'actifs évoluent en tandem, reflétant souvent l'évolution de la demande mondiale.
Toutefois, les analystes de Capital Economics estiment que nous entrons à présent dans une période où elles suivront des voies distinctes.
Au cours des dernières années, les tendances du pétrole et des actions ont nettement divergé. Alors que le prix du pétrole Brent Crude a récemment atteint son niveau le plus bas depuis près de trois ans, passant sous la barre des 70 dollars le baril, le marché boursier, en particulier aux États-Unis, n'a connu que des baisses modestes.
L'indice S&P 500, par exemple, n'a baissé que de 3 % par rapport à son sommet de juillet, ce qui montre à quel point ces marchés sont devenus déconnectés l'un de l'autre. La raison de ce découplage réside dans les différentes forces qui façonnent chaque marché.
L'une des principales raisons de cette divergence est l'influence des facteurs liés à l'offre sur le marché pétrolier. Contrairement aux actions, qui sont plus sensibles aux fondamentaux économiques et au sentiment des investisseurs, les prix du pétrole ont été fortement influencés par des questions idiosyncratiques liées à l'offre.
Les décisions de l'OPEP de prolonger les réductions de production, combinées à une prime de risque géopolitique, ont créé une distorsion de la dynamique de l'offre sur le marché pétrolier.
Ces facteurs d'offre, plutôt que des changements dans la demande, ont maintenu les prix du pétrole sous pression, malgré des conditions économiques mondiales variables.
Dans le même temps, les marchés d'actions, en particulier aux États-Unis, ont été stimulés par des facteurs très différents. L'enthousiasme suscité par les progrès de l'intelligence artificielle (IA) a insufflé une vague d'optimisme sur les marchés boursiers, en particulier sur les indices à forte composante technologique.
Jusqu'à la mi-2024, cet optimisme lié à l'IA a permis aux marchés boursiers d'atteindre de nouveaux sommets, les investisseurs misant sur le potentiel de transformation des technologies de l'IA.
Même si les inquiétudes concernant l'économie américaine ont temporairement refroidi cet enthousiasme au cours des derniers mois, "nous pensons que la bulle boursière alimentée par l'IA peut encore se regonfler et donner un coup de fouet aux actions américaines et mondiales au cours des prochains trimestres", ont déclaré les analystes.
Un autre aspect de cette divergence découle des performances contrastées de la Chine et des États-Unis dans l'économie mondiale. La Chine, l'un des principaux moteurs de la demande mondiale de pétrole, a vu sa croissance économique s'essouffler, avec des importations de pétrole brut en baisse d'une année sur l'autre.
Ce ralentissement a pesé lourdement sur les prix du pétrole, exacerbant la baisse de la demande mondiale. Toutefois, cela n'a pas eu d'impact significatif sur les marchés boursiers mondiaux, qui sont plus fortement influencés par les performances des États-Unis et d'autres économies avancées, où la demande reste relativement stable.
"Les États-Unis et les autres grandes économies avancées éviteront les récessions cette année et l'année prochaine, ce qui signifie que notre vision de l'économie mondiale est plutôt optimiste. Nous pensons que cela créera un environnement positif pour les actions, qui se porteront bien malgré la faiblesse de la demande de pétrole", ont déclaré les analystes.
À l'avenir, les perspectives pour les prix du pétrole restent faibles. La demande chinoise devrait rester faible et l'OPEP+ devrait maintenir un contrôle strict de la production, ce qui devrait maintenir la pression sur les prix du pétrole pendant un certain temps.
Toutefois, cette faiblesse persistante du pétrole ne devrait pas se répercuter sur les marchés des actions.
La divergence entre ces deux classes d'actifs, qui s'est déjà manifestée ces dernières années, devrait persister car les actions continuent d'être soutenues par les performances des économies avancées et la révolution technologique en cours.
Les actions, en revanche, ont des perspectives plus prometteuses. Bien que les perspectives économiques américaines aient suscité quelques inquiétudes, Capital Economics s'attend à un regain d'optimisme autour de l'IA, ce qui pourrait entraîner de nouveaux gains sur le marché boursier.
Bien qu'il existe des risques, tels que la possibilité d'actions antitrust contre les grandes entreprises technologiques ou les tensions géopolitiques, le scénario de base reste positif.
Le secteur technologique, en particulier, devrait jouer un rôle clé dans la hausse des marchés boursiers, l'IA agissant comme un catalyseur majeur de la croissance.