L'agence d'évaluation financière Standard and Poor's a abaissé lundi la note de solvabilité de la Grèce à "SD", niveau correspondant à un "défaut de paiement sélectif", pour tenir compte de la restructuration de la dette publique grecque lancée vendredi.
S&P indique dans un communiqué qu'elle envisage de relever la note du pays à CCC, note attribuée à des émetteurs de qualité médiocre présentant un vrai risque de non-remboursement, lorsque cette opération aura été intégralement réalisée, probablement vers la mi-mars.
La décision de l'agence américaine était attendue dans la mesure où celle-ci avait indiqué par le passé qu'elle ferait passer la Grèce par la note SD sitôt que commencerait la mise en oeuvre de l'accord de renoncement de créances sur Athènes consenti par les établissements financiers privés.
En revanche, "si un nombre suffisant de détenteurs d'obligations (publiques) grecques n'acceptait pas l'offre d'échange", écrit S&P dans un communiqué, "nous pensons que la Grèce présenterait un risque imminent de défaut de paiement caractérisé" dans la mesure où le déblocage du reste de l'assistance promise au pays par la zone euro et le Fonds monétaire international est soumis à la réussite de la restructuration de la dette d'Athènes.
Un défaut de paiement caractérisé est reflété par la note "D" dans la notation de S&P.
"Je prends note de la décision" de S&P, a indiqué le chef de file des ministres des Finances de la zone euro Jean-Claude Juncker, dans un communiqué publié à Luxembourg, ajoutant qu'il s'attendait à une "forte participation" des créanciers privés à l'opération lancée vendredi.
Cette opération d'échange doit permettre à la Grèce d'obtenir un effacement de dette de 107 milliards d'euros.
La Grèce propose de donner aux créanciers privés qui participeront à l'opération des titres d'une valeur inférieure de 53,5% à ceux qu'ils détiennent actuellement.
Un quart des titres que recevront ces créanciers seront des obligations du Fonds européen de stabilité (FESF), vraisemblablement d'une maturité maximale de deux ans. Le reste sera composé de nouvelles obligations grecques d'une maturité s'échelonnant de 11 à 30 ans, soit une durée bien supérieure à celles qu'elles remplaceront.
L'objectif est de repousser les échéances de remboursement de la Grèce sur les montants qu'elle accepte encore d'honorer, pour lui laisser le temps de se rétablir.
Si l'opération réussit, "nous devrions considérer que l'incident de la défaillance partielle de la Grèce appartient au passé", écrit S&P, pour qui le relèvement éventuel de la note à CCC rendrait alors compte des "perspectives de croissance économique incertaines du pays" et de sa "dette publique toujours forte", même après sa restructuration.