Les dirigeants asiatiques réunis en sommet en Thaïlande ont débattu dimanche de deux projets du Japon et de l'Australie visant à construire une communauté régionale économique et politique, inspirée de l'Union européenne.
Les dirigeants des dix pays de l'Association des nations d'Asie du sud-est (Asean), virtuellement inexistante sur le plan politique plus de 40 ans après sa création, se sont retrouvés à Hua Hin (sud) sur fond de début de reprise économique.
Le bloc régional s'est engagé à mettre en place une communauté économique d'ici 2015, qui pourrait donner vie à un marché de près de 600 millions de personnes.
Mais de leur partenaires régionaux invités au sommet (Chine, Japon, Corée du Sud, Inde, Australie et Nouvelle-Zélande) sont venues des propositions plus ambitieuses d'intégration politique.
"J'ai constaté dans la région une certaine ouverture à la discussion sur comment nous allons faire évoluer notre architecture régionale dans le futur", a indiqué à l'agence de presse australienne AAP le Premier ministre australien Kevin Ruud, qui a présenté son projet à ses homologues lors d'un déjeuner.
"Je n'ai pas arrêté de calendrier précis, j'ai suggéré la date de 2020", a-t-il ajouté. Interrogé sur l'hypothèse d'une monnaie unique à la région, il a éludé le sujet en considérant qu'il était "important de prendre les choses les unes après les autres".
Le chef du gouvernement japonais a pour sa part défendu un second projet, sur la base duquel il avait affirmé samedi à un quotidien thaïlandais que l'Asie de l'Est serait amenée à "guider le monde".
Yukio Hatoyama a notamment évoqué la nécessité de s'appuyer sur les accords de libre échange entre l'Asean (Birmanie, Brunei, Cambodge, Indonésie, Laos, Malaisie, Philippines, Singapour, Thaïlande, Vietnam) et ses six partenaires pour développer une nouvelle structure.
"Continuons de bâtir sur les différentes coopérations existantes (...). Après 10, 15, 20 ans, nous pourrons envisager une forme plus concrète de ce projet", a expliqué le porte-parole du Premier ministre, Kazuo Kodama.
"En construisant une coopération régionale dans de nombreux secteurs, nous serons capable d'atteindre une vision commune", a-t-il ajouté.
Vendredi, les dirigeants de la région avaient lancé une étude de faisabilité pour la création d'une immense zone de libre-échange regroupant l'Asie du sud-est, le Japon, la Chine et la Corée du sud. Un projet de coopération économique doit être mené simultanément avec l'Inde, l'Australie et la Nouvelle-Zélande.
Ces projets nourrissent une volonté de peser plus efficacement sur les négociations internationales. La présidence du sommet a milité pour une réforme des institutions financières mondiales et demandé qu'un représentant de l'Asean soit officiellement invité aux réunions du G20.
Début octobre, le président de la Banque mondiale Robert Zoellick avait souligné que la Chine et l'Inde étaient désormais de solides moteurs pour la croissance mondiale, devenue selon lui moins unilatéralement dépendante de l'économie américaine.
Dimanche, le Premier ministre Abhisit Vejjajiva a admis que la route serait longue sur la voie d'une Asie politique unie, jugeant qu'il "n'était pas important de choisir maintenant tel ou tel type de structure rigide, mais d'être conscient du fait que l'architecture régionale continuerait d'évoluer".