Investing.com -- Dans une note datée de lundi, Morgan Stanley (NYSE:MS) a révisé ses perspectives pour les principales valeurs pétrolières et gazières européennes, en réduisant les notations et les objectifs de prix sur fond d'inquiétude quant à l'affaiblissement de la demande.
Les analystes soulignent l'affaiblissement de l'environnement macroéconomique, qui devrait peser sur les prix du pétrole et du gaz dans les années à venir.
Morgan Stanley prévoit que le Brent brut se stabilisera autour de 75 dollars le baril, tandis que les prix du gaz européen devraient chuter à environ 7 dollars par million de pieds cubes d'ici à 2026.
Ces projections reflètent les défis auxquels le secteur est confronté, l'offre étant supérieure à la demande, en particulier en Europe, où les prix du gaz tournent actuellement autour de 11 dollars le million de pieds cubes.
Dans le secteur de l'exploration et de la production (E&P), Aker BP (OL :AKRBP), Energean (LON :ENOG) et Ithaca Energy (LON :ITH) figurent parmi les entreprises les plus touchées par ces changements. Aker BP (NYSE :BP), autrefois considéré comme un acteur solide dans le secteur, a été rétrogradé à "sous-pondérer".
Les analystes de Morgan Stanley citent la baisse de la production à court terme et les exigences élevées en matière de dépenses d'investissement comme les principales raisons de cette révision.
Le rendement du flux de trésorerie disponible de l'entreprise ne devrait atteindre en moyenne que 6 % entre 2025 et 2026, ce qui est relativement faible par rapport à ses pairs.
Pire encore, dans un scénario baissier où le baril de Brent tomberait à 60 dollars, le flux de trésorerie disponible d'Aker BP pourrait devenir négatif, jetant un doute supplémentaire sur ses performances financières à court terme.
L'objectif de cours de l'action a été ramené de 307 NOK à 240 NOK, en raison de ces risques.
Energean, un autre acteur majeur du secteur, a été ramené à la note "equal-weight". Morgan Stanley a réduit son objectif de prix de 1 430 pence à 1 100 pence, citant des risques géopolitiques et de concentration d'actifs plus élevés.
L'accent mis par la société sur l'offshore israélien, en particulier les champs Karish et Katlan, la rend vulnérable aux tensions géopolitiques. La vente prévue des actifs égyptiens et italiens d'Energean, bien que considérée comme stratégique, accroît encore le risque de concentration, limitant la diversification qui aide généralement les entreprises à se prémunir contre les problèmes régionaux.
Malgré ces défis, le flux de trésorerie important d'Energean et le rendement de ses dividendes, soutenus par des contrats à long terme qui la protègent de la volatilité des prix des matières premières, offrent un certain potentiel de croissance. Toutefois, le profil de risque élevé a incité l'entreprise à adopter une position plus prudente.
Ithaca Energy a également ressenti l'impact des perspectives plus baissières de Morgan Stanley. L'objectif de cours de la société a été ramené de 150 à 127 pence, et l'action a également été classée dans la catégorie "poids égal".
Alors qu'Ithaca devrait générer un solide flux de trésorerie disponible à court terme, il existe des incertitudes imminentes liées au régime fiscal du Royaume-Uni. Les amendements fréquents à la taxe sur les bénéfices énergétiques du Royaume-Uni, ainsi que l'examen en cours par le gouvernement des déductions pour amortissement, ajoutent des couches de risque aux opérations d'Ithaca.
Selon Morgan Stanley, ces facteurs font qu'il est difficile pour la société de tirer pleinement parti de son potentiel de production, en particulier compte tenu de son exposition à des projets axés sur le Royaume-Uni.
Malgré la morosité générale, tous les titres pétroliers et gaziers européens n'ont pas été déclassés. Harbour Energy (LON :HBR) et Var Energi (OL :VAR) restent des points lumineux dans l'analyse de Morgan Stanley, les deux sociétés conservant des notes "surpondérées" en raison de leurs profils de flux de trésorerie résilients et de leurs rendements en dividendes attrayants.
Harbour Energy, qui a récemment achevé une transformation importante avec l'acquisition des actifs de Wintershall Dea, est devenu l'un des meilleurs choix de l'entreprise.
Avec un portefeuille diversifié couvrant plusieurs pays, dont la Norvège, le Royaume-Uni et l'Argentine, Harbour Energy devrait offrir un rendement impressionnant du flux de trésorerie disponible de 16 % par an entre 2025 et 2027.
En outre, les stratégies de couverture de la société, notamment en ce qui concerne le gaz, permettent de se prémunir contre d'éventuelles baisses des prix des matières premières, ce qui garantit que les flux de trésorerie restent élevés même dans des scénarios baissiers.
Les investisseurs peuvent également s'attendre à des rendements substantiels, car la société devrait distribuer un dividende de 8 %, complété par un programme de rachat d'actions de 5 %, ce qui augmentera encore la valeur actionnariale.
Var Energi, une autre action privilégiée, devrait bénéficier de la croissance de sa production à court terme, grâce aux projets Johan Castberg et Balder X. La production devrait augmenter de 33 % par rapport à l'année précédente.
La production devrait augmenter de 33 % au cours des 15 prochains mois, ce qui garantira un flux de trésorerie important malgré la faiblesse générale des marchés du pétrole et du gaz.
Morgan Stanley prévoit un rendement du flux de trésorerie disponible de 16 % en moyenne pour Var Energi en 2025-2026, avec un rendement du dividende robuste d'environ 14 %.
Même dans un scénario baissier, où les prix du pétrole tomberaient à 60 dollars le baril, le rendement du flux de trésorerie disponible de Var Energi resterait stable à 11 %, grâce à la production à faible coût de l'entreprise et à son bilan solide.
Alors que la société de courtage abaisse ses objectifs de prix pour plusieurs acteurs majeurs, l'attention se porte sur les entreprises disposant de flux de trésorerie importants à court terme et de portefeuilles diversifiés, telles que Harbour Energy et Var Energi, qui sont bien positionnées pour naviguer dans ce paysage difficile.
Pour des sociétés comme Aker BP, Energean et Ithaca Energy, en revanche, la voie à suivre semble plus difficile, car les défis de production, les risques fiscaux et l'exposition géopolitique assombrissent leurs perspectives.