L'augmentation des tarifs de l'électricité a été saluée par la Bourse de Paris mercredi, où l'action EDF a réalisé le plus fort bond du CAC 40, mais elle suscitait l'inquiétude des associations de consommateurs qui craignent qu'elle n'annonce d'autres hausses de factures.
L'action EDF a grimpé de 5,48% à 35,13 euros.
Les investisseurs ont applaudi la décision du gouvernement de relever les tarifs de l'électricité de 3,4% en moyenne, ce qui devrait doper les bénéfices du groupe public.
C'est en effet la plus forte hausse des prix depuis l'entrée en Bourse du groupe public en novembre 2005, remarquaient les analystes de Bank of America Merrill Lynch.
Depuis cette date, les gouvernements successifs s'étaient tenus à des hausses modérées des prix destinés aux ménages: +1,7% en 2006, +1,1% en 2007, +2% en 2008 et +1,9% en 2009.
Mardi, le ministère de l'Energie a annoncé une augmentation de 3% des tarifs pour les particuliers, à laquelle s'ajoutent des réévaluations de 4% à 5,5% pour les entreprises.
C'est "une bonne indication que le gouvernement est prêt à envisager des hausses graduelles de tarifs, comme le suggère le projet de loi réformant le marché de l'électricité", estimaient les analystes de Goldman Sachs.
Le projet de loi portant nouvelle organisation du marché de l'électricité (Nome) est justement la grande crainte des associations de consommateurs et des syndicats.
Actuellement en discussion au Parlement, il va obliger EDF à céder jusqu'à un quart de la production de son parc nucléaire à ses concurrents (GDF Suez, Poweo, Direct Energie, etc.)
L'UFC Que Choisir, qui avait dans un premier temps soutenu cette réforme, y est désormais opposée. L'association juge en effet que le texte actuel "va mécaniquement faire augmenter le niveau des tarifs réglementés à destination du consommateur final", selon un communiqué diffusé mercredi.
Sa crainte est donc que la hausse des tarifs annoncée mardi ne soit que la première d'une longue série.
Même ton chez FO Mines et Energie qui juge que la loi Nome s’accompagnera "d’une augmentation massive du prix de l’électricité pour les prochaines années, ceci au nom de la promotion de la concurrence".
"La hausse annoncée des tarifs de l'électricité en plein coeur de l'été est destinée à anticiper les effets du projet de loi", abonde François Brottes, député socialiste de l'Isère.
Le ministère de l'Energie affirme pour sa part que la loi "ne traite pas de la question du niveau des tarifs réglementés" et n'a donc "aucune incidence sur le mouvement tarifaire".
Cependant, associations et syndicats semblent d'autant moins enclins à prendre pour argent comptant les assurances du gouvernement qu'ils affirment que le contrat de service public, signé le 24 octobre 2005 entre EDF et l'Etat, n'a pas été respecté.
Celui-ci prévoyait que "l’évolution des tarifs de vente de l’électricité aux particuliers" ne serait "pas supérieure au taux de l’inflation" jusqu'en 2010.
Or depuis lors, les tarifs ont augmenté de 10% et l'inflation de 7,5%.
La CGT a dénoncé "une nouvelle ponction sur le pouvoir d’achat des Français" qui "subissent les conséquences d’une gestion calamiteuse" d'EDF.
Pour le syndicat, l'électricien a réalisé des acquisitions d'entreprises à l'étranger au détriment des investissements en France.
Les Verts ont eux aussi critiqué les "erreurs stratégiques d'EDF" qui transfèrerait sur les Français "le coût de ses ambitions internationales et des dépenses astronomiques" liées au nucléaire.