par Natalia Zinets
KIEV (Reuters) - L'Ukraine a accusé vendredi des militaires russes d'appuyer l'offensive des séparatistes contre l'aéroport de Donetsk, dans l'est du pays, alors que les entorses au cessez-le-feu sont de plus en plus fréquentes.
D'après Andriy Lissenko, porte-parole militaire, les forces ukrainiennes ont repoussé plusieurs attaques séparatistes contre l'aéroport en 24 heures. Des "combats ininterrompus" se poursuivent et "un nombre important de blindés, de pièces d'artillerie lourdes et de soldats" ont été massés dans le secteur, a-t-il ajouté.
"Les Russes ont envoyé une unité complète de drones au-dessus de l'aéroport, dirigés par des spécialistes russes, afin d'effectuer de la reconnaissance aérienne et de diriger les tirs", a déclaré Andriy Lissenko à la presse.
Il a souligné que les forces gouvernementales tenaient toujours l'aéroport, une infrastructure stratégique équipée de pistes modernes capables d'accueillir de gros avions de fret. Les défenses y ont été renforcées.
Après une accalmie dans les combats dans le cadre de la trêve conclue le 5 septembre, les tirs d'artillerie et au mortier entre forces gouvernementales et séparatistes pro-russes ont regagné en intensité ces derniers jours à et autour de Donetsk, l'une des grandes capitales régionales de l'est de l'Ukraine.
Un employé suisse du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Laurent DuPasquier, a été tué jeudi soir par un obus tombé à proximité des locaux du CICR à Donetsk, où il travaillait comme administrateur.
Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Pavel Klimkine, a accusé les séparatistes d'être responsables de la mort de cet employé du CICR tandis que le ministère russe des Affaires étrangères a affirmé vendredi dans un communiqué que l'obus avait été tiré d'un territoire contrôlé par les forces ukrainiennes.
MOUVEMENTS SIGNALÉS AUTOUR DE MARIOUPOL
Sept militaires ukrainiens ont péri lundi dans un tir de char contre leur véhicule blindé de transport de troupes et mercredi, 10 personnes au moins sont mortes lorsqu'un bombardement a touché une cour d'école et une fourgonnette circulant dans une rue voisine de l'établissement à Donetsk. Les deux camps se sont mutuellement rejeté la responsabilité de ces morts.
Andriy Lissenko a accusé les séparatistes pro-russes de ne toujours pas respecter le cessez-le-feu, près d'un mois après son entrée en vigueur.
"Dès lors que le camp agresseur ne cesse pas le feu, le camp ukrainien ne retire pas ses armements et continue de défendre ses positions. Mais l'armée ukrainienne n'effectue pas de manoeuvres offensives", a assuré le porte-parole des forces ukrainiennes, faisant état de la mort de deux soldats ukrainiens en 24 heures.
Selon lui, les services de renseignement ukrainiens ont en outre repéré l'arrivée de renforts blindés et d'une unité de reconnaissance russes aux abords de Marioupol, port de la mer d'Azov au sud de Donetsk.
Contrôlée par les forces ukrainiennes, Marioupol revêt une importance stratégique puisqu'elle se trouve entre le territoire russe et la Crimée, péninsule annexée par la Russie en mars.
La Russie dément toute implication directe dans le conflit dans l'est de l'Ukraine, qui, selon l'Onu, a fait plus de 3.500 morts depuis que des séparatistes pro-russes ont pris les armes en avril.
(Avec Thomas Grove à Moscou; Bertrand Boucey pour le service français)