La banque américaine JPMorgan Chase est en train de fermer les comptes bancaires d'actuels et d'anciens dirigeants hauts placés non-américains et de diplomates, a-t-on appris mardi auprès d'une source proche du dossier.
JPMorgan, via sa branche de détail Chase, a commencé à envoyer des lettres aux personnes concernées en juillet dernier pour les informer de sa décision, a ajouté cette source qui a requis l'anonymat.
La mesure concerne des anciens et actuels hauts responsables non-Américains, des diplomates ou toute personne jugée "politiquement exposée", des membres de leurs familles et leurs proches collaborateurs, selon la source.
Quelque 3.500 comptes sont affectés, selon le Financial Times, qui a recueilli le témoignage de l'économiste colombien José Antonio Ocampo, qui se dit victime de "discrimination".
Selon la source, M. Ocampo a reçu récemment sa lettre de notification.
Les personnes disposant de comptes bancaires classiques ont 30 jours à réception du courrier pour les fermer ou faire transférer l'argent vers d'autres établissements. Cette démarche est sans frais.
Quant aux titulaires de comptes-titres, ils ont 60 jours pour les fermer ou les faire transférer ailleurs.
Jointe par l'AFP, une porte-parole de l'établissement a expliqué que cette décision n'avait rien à voir avec d'éventuels méfaits de la part des clients en question.
"Cette décision n'a rien à voir avec la façon dont ces clients ont géré leurs comptes mais c'est lié au fait que nous avons fait de nos contrôles internes la priorité numéro un actuellement", a-t-elle ajouté.
Dans le cadre de la loi américaine sur le blanchiment d'argent sale, les banques sont obligées de renforcer leur surveillance et d'avertir les autorités régulièrement sur les transferts d'argent liquide effectués par les non-Américains, en l'occurrence les personnes jugées "sensibles".
Le but est d'éviter des failles pouvant permettre à des trafiquants de drogue et à des terroristes de blanchir de l'argent sale.
JPMorgan est visée par une enquête des autorités américaines sur les circuits de blanchiment d'argent qui auraient pu financer le trafic de drogue ou des activités terroristes.
Pour éviter de telles poursuites, la banque s'est engagée à réduire au maximum les risques, en fermant les comptes des ambassades ou consulats qui ont besoin d'une banque pour encaisser l'argent des visas et des passeports mais aussi pour payer les salaires et les factures.
D'autres banques internationales ont également franchi le pas.
A l'été dernier, la britannique HSBC avait provoqué la stupéfaction dans le corps diplomatique étranger au Royaume-Uni en annonçant qu'elle ne pouvait pas conserver les comptes des ambassades et leur donnait 60 jours pour retirer leur argent. HSBC expliquait vouloir renforcer ses pratiques contre l'argent sale.
Cette décision faisait suite à une amende record de 1,92 milliard de dollars que venaient de lui infliger les Etats-Unis où elle était accusée de complicité de blanchiment au profit de trafiquants, de terroristes et de l'Iran.