L'enseigne Vogica, spécialisée dans la vente de cuisines et salles de bain sur mesure, en difficulté financière chronique, a déposé son bilan, mais souhaite être placée en redressement judiciaire pour poursuivre son activité.
Vogica, confrontée à des difficultés d'approvisionnement et de livraison liées à une réorganisation de sa production, indique samedi sur son site internet avoir demandé au tribunal de commerce d'Evry (Essonne) d'ouvrir une procédure de redressement judiciaire.
Le tribunal d'Evry devrait se prononcer lundi, a indiqué à l'AFP un porte-parole du groupe, confirmant une information du Figaro.
"La mise en redressement judicaire va nous permettre, avec le concours de l’administrateur judiciaire, d’envisager avec nos fournisseurs, les modalités d’une reprise normale de fonctionnement: production, transport, pose", espère Vogica, dont la marque a été lancée en 1976 dans les Vosges.
Selon une source proche du dossier, ayant requis l'anonymat, Vogica, qui a étendu son offre en 2007 à du "prêt-à-poser" et dont le siège social est à Saint-Aubin (Essonne), pâtit de "beaucoup de changements dans le management". "C'est la décision d'externaliser la production qui n'a pas fonctionné", résume-t-elle.
L'annulation des commandes par les ménages et des problèmes industriels chez son nouveau fournisseur, l'industriel vosgien Nevelt, ont limité fortement l'activité du cuisiniste, entraînant la cessation des paiements, explique Vogica.
Sur 58 millions d'euros de commandes depuis le début de l'année, 4 millions ont été annulées, dont la moitié déjà fabriquées.
Jusqu'à l'an dernier, le groupe vosgien, employeur de 715 personnes, était organisé autour de deux filiales: Vogica, qui commercialisait cuisines et salles de bain personnalisées, et l'usine Manuest, qui les fabriquait.
La direction a décidé d'externaliser la production de Vogica pour répondre aux difficultés de Manuest, contraint de procéder à un plan social touchant 248 emplois sur 382. Ce dernier s'est concentré sur la fabrication de cuisines en kit pour les enseignes Castorama et Brico Dépôt.
Mais cette réorganisation n'a fait qu'empirer les choses.
Les livraisons promises par Nevelt à Vogica en huit semaines se sont décalées sur des mois, des pièces manquantes ont imposé des installations en deux, trois, voire quatre fois, faisant exploser les coûts de logistique de la société.
"Nevelt s'est avéré incapable d'absorber les volumes de Vogica", regrette le président du directoire du cuisiniste, William Ego, dans un entretien au Figaro. "Des retards se sont accumulés, qu'il n'a jamais rattrapés, ne livrant jamais la bonne qualité ou la bonne quantité", poursuit-il.
Nevelt, qui n'était plus payé par son donneur d'ordres, a arrêté de le livrer depuis deux semaines.
"Nous sommes face à un engorgement. Nous entrons dans une période transitoire pour le dégonfler avant de reprendre en mode normal", indique l'avocat du cuisiniste, Guilhem Bremond.
M. Ego est favorable à une cession de l'entreprise. Selon une source interne anonyme sources, deux repreneurs, notamment un groupe cuisiniste se serait déjà manifesté.
L'année dernière, Vogica, qui compte environ une cinquantaine de magasins en France, a vu son chiffre d'affaires chuter de 33% à 71 millions d'euros. La même année, il a essuyé une perte nette de 1,4 million.
Malgré cette faillite, le groupe essaie de rassurer ses clients.
Il entend livrer dans les meilleurs délais ceux ayant versé des acomptes et continuer à assurer le service après vente.
En revanche, les acheteurs réclamant un remboursement devront attendre la nomination d'un administrateur judiciaire.
Un numéro d'assistance (01.45.30.86.85) a été mis en place.