L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a écarté jeudi une baisse de ses quotas de production, malgré la rechute récente des cours et l'arrivée attendue d'or noir iranien en quantité sur le marché.
"Nous ne sommes pas prêts à réduire notre production", a déclaré le secrétaire général du cartel Abdallah El-Badri lors d'une conférence de presse à Moscou après avoir rencontré le ministre russe de l’Énergie Alexandre Novak.
La prochaine réunion de l'Opep est prévue début décembre à son siège à Vienne. Le plafond collectif de production est fixé depuis près de quatre ans à 30 millions de barils par jour, soit près du tiers du pétrole brut extrait quotidiennement dans le monde.
Ce maximum n'a pas été diminué en dépit de l'effondrement vertigineux des prix: le baril a perdu la moitié de sa valeur au deuxième semestre 2014. Après une stabilisation début 2015, le mouvement a repris ces dernières semaines, les cours du baril atteignant mardi à Londres leur plus bas niveau depuis début février. Ils évoluaient en légère hausse jeudi vers 14H00 GMT au dessus de 53 dollars.
Certains membres de l'Opep ont donc réclamé en vain une baisse du plafond collectif de production afin d'envoyer un signal au marché: les prix actuels ne sont pas suffisants.
Faute d'efforts collectifs, des pays exportateurs, confiants que la demande va s'améliorer et soucieux de maintenir leurs revenus, continuent d'augmenter leur production sans respecter les quotas officiels de l'Opep.
La Russie, l'un des premiers pays producteur au monde mais non membre du cartel, a aussi connu une augmentation de sa production ces derniers mois jusqu'à des niveaux record pour la période post-soviétique à plus de 10 millions de barils par jour.
Alexandre Novak a indiqué que la question d'une coordination entre Moscou et l'Opep n'avait "pas été discutée en détails", tout en soulignant que leurs "évaluations de la situation coïncident sur de nombreux sujets". "La question d'une baisse de la production est très difficile pour la Russie, beaucoup de pays pensent que ce n'est pas nécessaire", a-t-il relevé.
Selon le ministre russe, la demande mondiale devrait augmenter d'entre 7% et 11% d'ici à 2020.
Résultat de cette abondance de production pétrolière: les analystes estiment généralement le surplus de l'offre par rapport à la demande entre 1 et 1,5 million de baril par jour, ce qui pèse sur les prix.
- La Russie fragilisée -
Dans une déclaration commune publiée à l'issue de la rencontre de jeudi, l'Opep et la Russie disent cependant prévoir "une situation plus équilibrée sur le marché du pétrole et une stabilisation" en 2016, ce qui "constitue une condition indispensable à la continuité des investissements".
Au déséquilibre actuel s'ajoute l'accord trouvé début juillet entre les grandes puissances et l'Iran, qui devrait ouvrir la voie à une levée des sanctions et donc à un afflux de pétrole iranien sur le marché.
Le secrétaire général de l'Opep a estimé que l'organisation pouvait "s'accommoder" de cette offre. "Nous sommes très contents que les sanctions soient en bonne voie d'être levées pour l'Iran: maintenant aucun des pays membres de notre organisation ne se trouve sous sanctions", a-t-il souligné.
Concernant la Chine, premier consommateur mondial d'énergie qui traverse une tempête boursière, le responsable s'est montré rassurant. "Le seul problème de la Chine, ce sont les stocks (ndr: de pétrole), mais leur croissance est à 7%".
L'effondrement des cours de l'an dernier, ajouté aux sanctions occidentales liées à la crise ukrainienne, a particulièrement frappé la Russie, plongée dans une crise monétaire qui se traduit désormais par une profonde récession. Les hydrocarbures représentent en effet la majorité de ses revenus budgétaires.
La rechute de ces derniers jours a lourdement pesé sur le rouble, retombé au plus bas depuis début mars, faisant craindre une nouvelle flambée d'inflation au moment où Moscou voit poindre une reprise. Après une accalmie mercredi, la monnaie russe s'affaiblissait de nouveau jeudi.