Investing.com – Le président russe Vladimir Poutine a annoncé hier soir que son pays allait exiger des paiements en Roubles de la part des pays « non-amicaux » qui souhaitent acheter son gaz naturel.
Le président russe a par ailleurs déclaré que « le gel des avoirs russes par les pays étrangers a détruit la confiance ».
Il a précisé que les changements n'affecteront que la monnaie de paiement, et que l'approvisionnement en gaz se poursuivra conformément aux contrats.
Cette décision obligerait donc les pays qui souhaitent acheter le gaz russe à acheter également sa monnaie, ce qui pourrait permettre de soutenir son cours, après que le Rouble se soit littéralement écroulé depuis le début de la guerre en Ukraine.
La paire USD/RUB évoluait en effet vers 80.00 avant le début de la guerre en Ukraine, puis a ensuite explosé jusqu’à un pic à 158.30 le 3 mars, ce qui signifie que le Rouble a perdu environ la moitié de sa valeur face au Dollar en moins de deux semaines.
Depuis, la monnaie russe a rebondi, un rebond qui a été largement accentué suite aux annonces de Poutine, la paire USD/RUB étant repassée sous le cap symbolique des 100.00, s’affichant à 97.75 au moment de la rédaction de cet article. A ce stade, le Rouble a donc effacé plus des deux tiers de l’impact baissier de la guerre face à l’Ukraine.
Paiement du gaz russe en Roubles : Une demande irréaliste et illégale ?
A ce propos, on notera que Liam Peach, économiste pour l'Europe émergente chez Capital Economics, a déclaré dans une note évoquée par Reuters que "cela semble être un effort des autorités russes pour faire pression sur les pays occidentaux en forçant les acheteurs étrangers de gaz russe à utiliser des roubles, avec l'avantage supplémentaire de soutenir la valeur de la monnaie".
Du point de vue des réactions politiques, on notera que le ministre allemand de l'économie, Robert Habeck, a qualifié la demande de M. Poutine de « rupture de contrat » et d'autres acheteurs de gaz russe ont fait écho à cette remarque.
"Cela constituerait une violation des règles de paiement incluses dans les contrats actuels", a déclaré une source gouvernementale polonaise de haut niveau, ajoutant que la Pologne n'a pas l'intention de signer de nouveaux contrats avec Gazprom après l'expiration de leur accord actuel à la fin de cette année.
On rappellera enfin que les grandes banques sont réticentes à négocier des actifs russes depuis le début de l’invasion russe, ce qui complique encore la demande de Poutine.