par Pascale Denis
PARIS (Reuters) - Kering (PA:PRTP) a fait moins bien qu'attendu au premier trimestre, avec un ralentissement de Gucci et une chute de Bottega Veneta, sa marque la plus rentable, dans un environnement devenu difficile pour le luxe.
Très surveillé, Gucci, principal centre de profits de Kering, a vu sa croissance organique décélérer à 3,1% au premier trimestre (après +4,8% au quatrième trimestre 2015), alors que les analystes attendaient un chiffre compris entre 5% et 6%.
La marque reprise en main début 2015 par l'ancien dirigeant de Bottega Veneta Marco Bizzarri déploie progressivement ses nouvelles collections, qui ont représenté environ 50% de ses ventes et devraient atteindre 100% à la fin 2016.
Après le succès de son prêt-à-porter et de ses chaussures, Gucci doit maintenant transformer l'essai avec la maroquinerie, son coeur de métier.
"Ces chiffres montrent que l'amélioration sera progressive et que Rome ne s'est pas faite en un jour", souligne Luca Solca, analyste d'Exane BNP Paribas (PA:BNPP).
Chez Bottega Veneta, les tendances se sont fortement détériorées. Tombée dans le rouge à la fin 2015, "BV" a vu ses ventes dégringoler de 8,3%. Elle souffre d'une forte exposition à Hong Kong et Macao (15% des ventes), où le secteur du luxe poursuit sa chute.
La griffe, qui pâtit d'un manque de renouvellement après avoir connu un immense succès ces dernières années grâce à un produit unique (son sac en cuir tressé), accélère aujourd'hui sa diversification dans le prêt-à-porter et les chaussures.
Fait marquant de ce début d'année, Gucci comme Bottega Veneta ont progressé en Chine même. Les attentats de Paris et Bruxelles ont fait fuir les touristes étrangers d'Europe et la clientèle chinoise, qui compte pour un tiers du marché mondial du luxe, commence à davantage acheter en Chine à la faveur d'un resserrement des écarts de prix avec l'Europe.
Le marché intérieur chinois profite aussi des nouvelles taxes et des procédures de contrôle visant à limiter le marché parallèle des "daigous", revendeurs d'authentiques produits achetés à l'étranger.
Ailleurs, le marché américain reste difficile, pour cause de hausse du dollar, tandis que les achats touristiques au Japon ont nettement ralenti avec la reprise du yen.
La pépite Saint Laurent a poursuivi quant à elle sa brillante trajectoire (+26,5%), pendant que Balenciaga et Boucheron ont souffert de leur exposition au marché français, déserté par les touristes étrangers après les attentats de Paris.
Au total, le pôle luxe de Kering voit sa croissance organique reculer à 2,6%, un chiffre proche des 3% enregistrés par LVMH (PA:LVMH), qui a lui aussi marqué le pas, comme Prada, Richemont et Burberry.
Grâce à une dynamique restée solide chez l'équipementier sportif Puma (+8,1%), Kering parvient à signer une croissance organique de 4% sur le trimestre, après +8% à la fin 2015.
Ses ventes sont ressorties à 2,72 milliards d'euros (+2,7%), un chiffre inférieur aux 2,77 milliards du consensus Reuters.
(Edité par Dominique Rodriguez)