Dépitée par le pessimisme de la Réserve fédérale des Etats-Unis (Fed) sur l'état de l'économie américaine et le manque d'avancées sur la crise de la dette, la Bourse de Paris a terminé jeudi sur une très forte de 5,25% qui n'a épargné aucun secteur.
Le CAC 40 est repassé sous les 2.800 points, cédant 154,14 points à 2.781,68 points, dans un volume d'échanges de 4,077 milliards d'euros.
"On a assisté à une capitulation totale du marché parisien. Aucun secteur n'a été épargné même le luxe, très protégé jusqu'à présent, a cédé autour de 6%", note Renaud Murail, gérant d'actions chez Barclays Bourse.
"Plusieurs voyants sont au rouge: les indicateurs sur la conjoncture en Europe, ce qui rend encore plus difficile toute avancée sur la dette, et l'état inquiétant de la première économie mondiale", souligne-t-il.
Le secteur bancaire a décroché alors que l'éventualité d'une recapitalisation de certaines banques est de plus en plus évoquée.
Les commentaires alarmistes d'un dirigeant de l'influent fond américain Pimco, jugeant que les établissements français pourraient faire basculer toute l'Europe dans la récession, sont venus alimenter les inquiétudes. Société Générale a dévissé de 9,57% à 15,30 euros, Crédit Agricole de 9,49% à 4,22 euros et BNP Paribas de 5,70% à 23,06 euros.
Le secteur cyclique a particulièrement souffert des craintes sur la conjoncture mondiale. ArcelorMittal a dégringolé de 8,85% à 11,22 euros, Saint-Gobain de 6,75% à 27,55 euros et Michelin de 6,15% à 43,25 euros.
Du côté du luxe, LVMH a lâché 6,10% à 106,90 euros, et PPR 6,39% à 106,25 euros.
Total, première capitalisation du CAC 40, a lâché 5,68% à 30,37 euros.
Les investisseurs étaient toujours pris dans un maelström de pessimisme, alimenté par les craintes pour la zone euro et par celles sur le ralentissement économique américain.
La pression s'est accentuée sur la zone euro, de plus en plus de dirigeants l'appelant à trouver des solutions rapides à la crise dans laquelle elle est enlisée.
Sur le front de la dette souveraine, "les gouvernements et les institutions de la zone euro doivent agir rapidement pour résoudre la crise de l'euro et toutes les économies européennes doivent affronter le problème de la dette pour empêcher une contagion à l'économie mondiale", ont mis en garde l'Australie, le Canada, la Corée du Sud, l'Indonésie, le Mexique et le Royaume-Uni, six pays membres du G20, dans une lettre commune.
Les investisseurs s'inquiètent d'autant que l'activité du secteur privé s'est contractée dans l'Union monétaire en septembre pour la première fois depuis plus de deux ans, faisant peser une menace de stagflation sur l'Allemagne et la France.
L'Italie a pour sa part révisé en forte baisse ses prévisions de croissance, et Athènes poursuit ses tractations avec ses créanciers internationaux, UE et Fonds monétaire international (FMI) pour le versement d'une prochaine tranche de prêts, de 8 milliards d'euros, alors que certains analystes craignent une faillite du pays.
"Nous restons convaincus que le sujet avance, dans la voie d'un défaut très organisé. Toutefois, il reste à trouver des mécanismes qui ne soient pas tels que le Portugal soit le suivant sur la liste", observent les stratégistes du Crédit Mutuel-CIC.
Mais le marché n'a pas apprécié non plus le tableau noir dressé par la Réserve fédérale américaine (Fed) sur l'économie des Etats-Unis. L'institution a jugé que la reprise était "lente" et menacée par des "risques importants". Du coup, pour tenter de relancer la machine, la Fed va vendre d'ici à la fin juin 2012 pour 400 milliards de dollars de bons du Trésor et en racheter pour un montant identique avec une maturité plus longue.
"Les déclarations de la Fed sur les perspectives sont décevantes. En plus, beaucoup de gens attendaient l'annonce d'un nouveau programme d'assouplissement monétaire", indique Yves Marçais, vendeur d'actions chez Global Equities.
La première économie mondiale montre de plus en plus de signes de faiblesses. Le chômage remonte et l'indice composite des indicateurs économiques américains a ralenti sa hausse en août, témoignant d'une augmentation du risque de rechute de l'activité.
Le secrétaire au Trésor américain Timothy Geithner a estimé que la lenteur de la croissance économique était un défi "plus grand" que celui de la dette et que les Etats du monde entier devaient donner la priorité au soutien à la croissance.