PÉKIN (Reuters) - Des dizaines de corbillards faisaient la queue devant un crématorium de Pékin mercredi, alors même que la Chine n'a signalé aucun nouveau décès lié au COVID-19, suscitant des critiques quant à la manière dont sont comptabilisées les victimes du virus, alors que la capitale se prépare à une recrudescence des cas graves.
À la suite de manifestations généralisées en novembre, la Chine a commencé à assouplir sa politique dite de "zéro COVID". Celle-ci avait permis de contenir le virus pendant trois ans, au prix d'un impact économique et psychologique important.
Ce brusque changement de politique a pris au dépourvu le fragile système de santé du pays et les experts estiment que la Chine pourrait être confrontée à plus d'un million de décès en raison du COVID-19 l'année prochaine.
Mercredi, dans un crématorium du district de Tongzhou, à Pékin, un témoin de Reuters a vu une file d'attente d'une quarantaine de corbillards, alors que le parking de l'établissement était plein.
À l'intérieur, des familles et des amis, dont beaucoup portaient des vêtements blancs et des bandeaux comme le veut la tradition funéraire, étaient rassemblés autour d'une vingtaine de cercueils en attente de crémation. Le personnel portait des combinaisons de protection. De la fumée s'élevait de cinq des 15 fours.
Il y avait une forte présence policière à l'extérieur du crématorium.
Reuters n'a pas pu vérifier si les décès étaient liés au COVID-19.
La Chine n'a signalé aucun nouveau décès mardi et en a même retiré un du chiffre total depuis le début de la pandémie, qui s'élève désormais à 5.241, soit une fraction de ce qu'ont connu des pays beaucoup moins peuplés.
La Commission nationale de la santé a dit mardi que seules les personnes dont le décès est dû à une pneumonie ou à une insuffisance respiratoire après avoir contracté le virus sont classées parmi les décès liés au COVID-19.
La Chine a fait état pour mardi de 53 cas graves supplémentaires, contre 23 la veille.
Les employés du Parti communiste et des institutions ou entreprises gouvernementales de la ville de Chongqing, dans le sud-ouest du pays, qui présentent de légers symptômes du COVID-19 peuvent se rendre au travail s'ils portent un masque, selon le quotidien d'État China Daily.
D'autres médias chinois ont fait état de mesures similaires dans plusieurs villes.
(Reportage Thomas Peter, Alessandro Diviggiano, Bernard Orr et Ryan Woo à Pékin, Casey Hall à Shanghaï, Julie Steenhuysen à Chicago et Chen Lin à Singapour ; rédigé par Marius Zaharia ; version française Augustin Turpin)