par Joyce Zhou et Brenda Goh
HONG KONG/SHANGHAI (Reuters) - Nombre de voyageurs affluaient dimanche aux frontières terrestres et maritimes de la Chine continentale alors que Pékin a levé les restrictions frontalières en vigueur depuis le début de la crise sanitaire du coronavirus, fermant la page de son intransigeante politique du "zéro-COVID".
Après trois ans d'interdiction, les déplacements en provenance et à destination de Hong Kong sont de nouveau autorisés, permettant des retrouvailles transfrontalières très attendues.
Les voyageurs arrivant de la région semi-autonome ne sont plus contraints de se placer en isolement à leur arrivée, marquant la fin de mesures de quarantaine qui ont protégé la population chinoise des vagues du coronavirus mais l'ont aussi coupée du reste du monde.
Pékin a décidé d'alléger au fil du mois écoulé les restrictions sanitaires à la suite de manifestations historiques pour dénoncer la politique du "zéro-COVID", dans le cadre de laquelle étaient organisées de fréquentes campagnes de dépistage du virus, avec de lourdes mesures de confinement qui ont aussi pesé sur la deuxième économie mondiale.
"Je suis tellement heureuse, tellement excitée. Je n'ai plus vu mes parents depuis des années", a déclaré Teresa Chow, résidente hongkongaise, qui attendait tôt dimanche matin, comme des dizaines d'autres voyageurs, de traverser le point de passage Lok Ma Chau vers la Chine continentale.
"Mes parents ne sont pas en bonne santé, et je n'avais pas pu retourner les voir quand ils ont eu le cancer du colon, donc je suis heureuse d'y aller et de les voir", a-t-elle ajouté.
Les investisseurs espèrent que la réouverture des frontières va redynamiser une économie chinoise qui a enregistré sa plus faible croissance en près d'un demi-siècle. Mais le brusque revirement de la politique sanitaire a déclenché une vague massive de contaminations, surchargeant les hôpitaux et perturbant l'activité des entreprises.
Cette réouverture des frontières intervient dans la foulée du début de "chun yun", la période de 40 jours marquant le Nouvel An lunaire et qui donnait traditionnellement lieu, avant la crise sanitaire, à des mouvements de population sans égal dans le monde.
Quelque deux milliards de personnes devraient voyager durant cette saison, pour des vacances ou des retrouvailles familiales principalement, soit près du double du nombre de voyageurs l'an dernier, a indiqué le gouvernement.
De nombreux Chinois ont aussi prévu de recommencer à se déplacer à l'étranger, une reprise du tourisme très attendue dans des pays comme la Thaïlande ou l'Indonésie, bien que des gouvernements à travers le monde ont imposé récemment des mesures sanitaires aux voyageurs venus de Chine car inquiets de la résurgence du COVID-19 dans le pays.
(Reportage Joyce Zhou à Hong Kong et Brenda Goh à Shanghai; version française Jean Terzian)