par Prerana Bhat
BANGALORE (Reuters) - La Banque centrale européenne (BCE) relèvera ses taux directeurs d'un quart de point en juin et en juillet, avant de marquer une pause pour le reste de l'année, d'après une large majorité des économistes interrogés par Reuters.
Pour freiner l'économie et juguler une inflation galopante, la BCE a relevé ses taux de 375 points de base depuis juillet 2022. Résultat, l'Allemagne et la zone euro dans son ensemble ont basculé dans la récession en début d'année.
Néanmoins, les deux économies devraient se redresser et la zone euro enregistrer une croissance de 0,2% à chaque trimestre jusqu'à la fin de l'année, selon l'enquête Reuters. Les tensions sur les prix et les anticipations d'inflation se sont atténuées, mais pas suffisamment pour dissuader dans l'immédiat la BCE de poursuivre son cycle de resserrement monétaire.
Christine Lagarde, la présidente de l'institut d'émission, a déclaré lundi qu'il n'y avait pas de "preuve tangible" qu'un pic ait été atteint sur l'inflation de base.
Pour les 59 économistes interrogés par Reuters, la BCE devrait porter son taux de dépôt de 3,25% à 3,5% le 15 juin. Environ trois quarts des économistes (43 sur 59) prévoient une nouvelle hausse des taux de 25 points de base en juillet.
"Une hausse des taux de 25 points de base semble acquise pour la réunion de la semaine prochaine", a déclaré Carsten Brzeski, responsable mondial de la macroéconomie chez ING (AS:INGA).
"Les développements macroéconomiques depuis la réunion de mai ont clairement plus à offrir aux 'colombes' qu'aux 'faucons' de la BCE (...) Cependant, la BCE est pleinement déterminée à l'heure actuelle à pécher par excès de prudence en ce qui concerne la hausse des taux", a-t-il ajouté.
LE TAUX DE DÉPÔT VU À 3,75% FIN 2023
Une majorité (38 sur 59) des participants anticipent que le taux de dépôt de la BCE restera à 3,75% jusqu'à fin 2023 et 17 autres experts s'attendent à un taux de 3,50% ou moins d'ici à la fin de l'année. Quatre personnes estiment qu'il pourrait être augmenté à 4%, en raison du ralentissement insuffisant de l'inflation.
Les derniers chiffres en la matière ont montré un indice des prix à la consommation en hausse de 6,1% sur un an, soit plus trois fois l'objectif de la BCE, et en version "core" en progression de 5,3%.
Selon l'enquête, l'inflation devrait se maintenir au-dessus de 2% au moins jusqu'en 2025. Elle s'établirait à 5,5% cette année et à 2,5% en 2024, selon la médiane des réponses des économistes.
L'inflation de base, qui exclut l'alimentation et l'énergie, devrait se modérer légèrement pour atteindre 4,9% au prochain trimestre et de 3,9% sur les trois derniers mois de l'année.
"L'inflation de base est en train de lentement connaître un pic cet été et nous craignons qu'un marché du travail tendu (...) une inflation salariale persistante implique une inflation de base susceptible d'être plus supérieure qu'égale ou inférieure à l'objectif", a écrit Mark Wall, économiste en chef chez Deutsche Bank (ETR:DBKGn).
"La BCE pourrait ne pas être convaincue en septembre que l'inflation diminue suffisamment pour faire une pause", a-t-il ajouté.
Le sondage Reuters concernant la Réserve fédérale américaine montre en revanche que celle-ci devrait opter pour une pause lors de la réunion du FOMC mercredi.
Plus d'un tiers des participants s'attendent toutefois à au moins une autre hausse cette année, du fait de la résistance de l'économie.
(Sruthi Shankar à Bangalore, version française Laetitia Volga, édité par Kate Entringer)