Malgré le souhait du gouvernement de voir les seniors rester plus longtemps au travail, le nombre de demandeurs d'emploi de plus de 50 ans a augmenté de plus de 10% en 2010 sous le coup de la crise qui a incité les entreprises à se séparer des salariés les plus âgés.
Le nombre des seniors de plus de 50 ans en quête d'emploi - dans la catégorie n'ayant exercé aucune activité - a progressé en 2010 de 73.000 pour atteindre 523.000 (+16,3%). Ils forment le principal contingent des 80.000 inscrits supplémentaires sur les lises de Pôle emploi durant l'année 2010.
"Il y a un niveau d'alerte fort sur le chômage de longue durée et le chômage des seniors" qui ont marqué "une forte aggravation" en 2010, souligne auprès de l'AFP Christian Charpy, directeur général de Pôle emploi, qui relève que les deux catégories souvent se recoupent.
"La priorité, c'est que les seniors n'entrent pas au chômage" car "on sait qu'il est beaucoup plus difficile pour eux que pour d'autres d'en sortir", estime-t-il.
Les seniors sont "les classes les plus faibles", relève Eric Heyer de l'OFCE. L'argument souvent avancé pour expliquer le désamour des entreprises à leur égard est leur coût qu'il convient de mettre en rapport avec leur productivité.
"Dans un grand nombre de cas, le salaire des seniors progresse plus que leur productivité" qui même "stagne, parce qu'ils sont parfois moins motivés, plus fatigués, plus éloignés des nouvelles technologies", souligne M. Heyer.
La révolution technologique tend à minorer leur atout qui est l'expérience, en particulier pour les moins qualifiés.
"Il faut à la fois un changement d'attitude des entreprises et la prise de conscience par les seniors que le chômage ce n'est pour la vie", estime M. Charpy. Le gouvernement songe à leur réserver les emplois aidés.
A l'inverse des crises précédentes où "l'Etat incitait les entreprises à se débarrasser des seniors" au travers de dispositifs comme "les pré-retraites" publiques, désormais abandonnées, "cette fois, compte tenu des contraintes de financement des retraites", le gouvernement "veut rallonger la durée de la vie active", rappelle M. Heyer.
Mais malgré des dispositifs - obligation pour les grandes entreprises d'un plan d'action en faveur de l'emploi des seniors sous peine d'une pénalité de 1% - certains groupes continuent de s'en délester en finançant des pré-retraites, des départs anticipés ou au travers d'un récent dispositif créé en 2008, la "rupture conventionnelle", qui permet la séparation à l'amiable entre salarié et employeur.
Très en vogue (455.000 accords signés à fin novembre 2010), la séparation à l'amiable a donné la possibilité aux patrons de se débarrasser de leurs salariés les plus âgés, qui peuvent bénéficier ensuite d'indemnités chômage.
Ainsi les entrants à Pôle emploi après une rupture conventionnelle sont de 5% dont 22% de seniors, qui sont donc sur-représentés, avait indiqué M. Charpy le mois dernier. Les syndicats demandent un plus grand encadrement de ce dispositif.
Par ailleurs, les seniors sans emploi sont désormais mieux identifiés puisqu'une loi de 2008 supprime progressivement la "Dispense de recherche d'emploi", statut accordé aux chômeurs âgés de plus de 57 ans et demi, dont les noms étaient ainsi barrés des listes de Pôle emploi.
Le nombre des dispensés "est passé de 367.000 en mai 2007 à 266.000 fin décembre 2010", souligne M. Charpy. Plus de 100.000 seniors sont venus ainsi en trois ans et demi grossir les rangs de chômeurs comptabilisés.
La mesure "va dans le bon sens" car la dispense "n'incitait pas le retour à l'emploi" et "masquait une partie de la réalité", estime le patron de Pôle emploi.