La Banque d'Angleterre (BoE) pourrait décider d'augmenter ses rachats d'actifs pour relancer le marché du crédit, malgré les signes récents d'amélioration sur le front de l'économie mondiale et britannique, lors de sa réunion de politique monétaire jeudi.
Lancé en mars dernier, son programme dit d'assouplissement quantitatif, consistant à racheter des actifs aux établissements financiers, afin de libérer des liquidités, est actuellement doté de 150 milliards de livres sterling maximum. Pour le moment, la BoE a prévu d'utiliser jusqu'à 125 milliards: il en reste donc 25 qu'elle pourrait débloquer.
Sur les dix-sept analystes interrogés par Dow Jones Newswires, qui optent tous pour un statu quo sur le taux directeur, à 0,5%, son niveau le plus faible historiquement, dix penchent pour cette option, et l'un des analystes envisage même que la Banque demande au gouvernement de débloquer un montant supérieur aux 150 milliards actuels.
Six analystes estiment cependant que la Banque va laisser sa politique inchangée. "L'apparente confirmation de la tendance à la hausse des prix dans l'immobilier devrait suffire à faire naître des doutes dans l'esprit des membres du MPC (Comité de politique monétaire, NDLR) sur la nécessité de créer plus d'argent" par le biais des rachats d'actifs, jugeait David Page, d'Investec Securities.
Des signes d'une incontestable embellie sont en effet apparus à l'horizon de l'immmobilier britannique. Après un recul en juin, les prix en Grande-Bretagne ont progressé de 1,1% en juillet, ramenant leur baisse sur un an à 12,1%, selon le baromètre mensuel publié mercredi par la banque Halifax.
Mercredi également, la production industrielle britannique a en outre dépassé les attentes en juin, augmentant de 0,5% par rapport à mai et reculant de 11,1% sur un an.
"Le MPC devrait marquer une pause en douceur et signaler que l'élargissement du programme pourra être remis sur la table si l'économie ne se rétablissait pas aussi vite que prévu" ajoutaient les analystes de Barclays Capital.
Selon certains observateurs, six mois après son lancement, l'assouplissement quantitatif semble ne pas encore produire les fruits escomptés. Les dernières données publiées par l'institution montrent que malgré l'augmentation de la masse monétaire, les prêts des banques, notamment aux entreprises, restent en net recul.
"Il y aura des débats mais la Banque devrait augmenter ses rachats d'actifs de 25 milliards jeudi" estimait de son côté Nick Beecroft, de Saxo Bank, arguant du manque de résultats du programme pour l'heure, notamment pour dégripper le crédit.
Et d'autres indicateurs signalent que l'économie britannique s'est tellement affaiblie pendant la crise que la BoE sera bien en peine de maintenir l'inflation autour de son objectif de 2%.
L'inflation est actuellement à 1,8%, mais elle pourrait baisser encore plus avec la récession. Les derniers chiffres officiels ont montré que le PIB britannique s'était contracté de 0,8% au deuxième trimestre par rapport au premier, et de 5,6% sur l'année, des chiffres plus mauvais que prévu et la pire contraction annuelle depuis le début de ces statistiques en 1955.
Or, un des effets induits dans le fait de faire tourner la planche à billets est de renforcer l'inflation. En l'occurence, le Comité pourra s'appuyer sur le rapport trimestriel sur l'inflation, publié la semaine prochaine, mais dont le contenu est déjà connu de ses membres pour décider si des tendances déflationnistes inquiétantes se dessinent. Et justifient davantage de rachats d'actifs.