par Caroline Pailliez
PARIS (Reuters) - La CGT, qui organisera jeudi sa première journée de "convergence des luttes", assure qu'elle parviendra à inscrire dans la durée la contestation des réformes d'Emmanuel Macron, même si cette idée suscite peu d'adhésion dans le milieu syndical.
La centrale a prévu plus de 130 manifestations a travers la France pour sa journée de mobilisation interprofessionnelle destinées aux étudiants, retraités, fonctionnaires et salariés.
Certaines sont organisées par plusieurs syndicats comme la FSU, Solidaires, ou encore les organisations étudiantes Unef et UNL. Sur le plan confédéral, cependant, seul Solidaires et l'Unef ont appelé à rejoindre le mouvement.
Les syndicats représentatifs de la RATP (CGT, FO, SUD RATP et UNSA) ont pour l'occasion déposé un préavis de grève - pour certains reconductible - entraînant davantage de perturbations sur le trafic à Paris et en Ile-de-France. La journée coïncide par ailleurs avec une nouvelle journée de grève à la SNCF.
"On est sur un mouvement qui monte. Il y a des fondements communs aux mécontentements, même si chacun le voit à travers sa porte d'entrée", a déclaré à Reuters Fabrice Angéï, secrétaire confédéral de la CGT.
Il dit miser sur la contestation grandissante provenant des cheminots avec leur grève intermittente, des étudiants avec des blocages dans les universités ou encore les fonctionnaires qui appellent à une journée de manifestation le 22 mai.
L'idée, selon lui, est "d'articuler ces mouvements sectoriels avec des temps forts interprofessionnels" pour "amplifier le processus". La CGT a déjà prévu de faire du 1er mai une autre date de mobilisation interprofessionnelle.
Le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez a appelé dimanche lors de l'émission du Grand Jury sur RTL, Le Figaro et LCI à donner "un signe" de soutien aux revendications.
"ÇA NE MARCHE PAS"
Cet appel à la mobilisation trouve toutefois peu d'écho auprès des autres syndicats représentatifs du secteur privé (FO, CFDT, CFE-CGC et CFTC), qui ont tous décliné l'invitation, estimant que les conditions n'étaient pas réunies.
Les neuf organisations de retraités et l'intersyndicale du personnel des maisons médicalisées (Ehpad), qui s'étaient mobilisés le 15 mars, n'ont pas non plus appelé à rejoindre le mouvement de jeudi, laissant à chacun des syndicats le soin de choisir s'il souhaite participer. Même chose du côté de l'intersyndicale de la Fonction publique.
S'exprimant lors d'un débat sur l'avenir des syndicats réformistes lundi, le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, a déclaré au sujet de la convergence des luttes: "les travailleurs ne suivent pas forcément et ça ne marche pas".
Emmanuel Macron a déclaré dimanche sur BFMTV, RMC et Mediapart qu'il ne souscrivait "en rien au fait qu'il y aurait une coagulation des luttes."
"Il y a une colère dans le pays, elle remonte d'il y a longtemps, c'est la colère qui est liée au fait que nous n'avons pas réglé les problèmes de fond de ce pays, que des injustices se sont installées, auxquelles nous nous attaquons depuis le début de ce quinquennat", a-t-il dit.
Le numéro un de Force ouvrière, Jean-Claude Mailly, n'en est pas si sûr. Il estime que beaucoup de Français s'interrogent sur l'impact de la reprise économique sur leur pouvoir d'achat.
"L'emploi, on ne voit pas l'effet. Le pouvoir d'achat, on ne voit pas l'effet. Ça commence à peser ce genre de chose", a-t-il dit mardi sur BFM Business.
Les mobilisations étudiantes se poursuivent mais, selon les autorités, restent très minoritaires.
Les organisations de retraités prévoient pour leur part une nouvelle journée de mobilisation le 14 juin prochain. Les fonctionnaires ont annoncé des temps forts jusqu'au rendez-vous salarial en juin.
Le ministre de l'Economie et des Finances, Bruno Le Maire, a récemment indiqué que les mouvements sociaux commençaient à avoir un impact négatif sur l'économie.
Le chef de file de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a fait savoir qu'il défilerait à Marseille jeudi.
(Caroline Pailliez, édité par Yves Clarisse)