par Pascale Denis
PARIS (Reuters) - Kering (PA:PRTP) a encore accéléré la cadence au premier trimestre grâce une nouvelle fois à Gucci dont la croissance explosive et hors norme a dépassé toutes les attentes.
Le groupe a vu ses ventes grimper de 36,5% à taux de changes constants, dépassant haut la main les 24% attendus par les analystes, après une progression proforma de 34% fin 2017.
Gucci, qui pèse pour près de 60% de ses ventes, s'est encore une fois distingué par une performance exceptionnelle.
Malgré une base de comparaison particulièrement difficile (la croissance organique avait atteint 48% il y a un an), la griffe italienne a encore accéléré la cadence et vu ses ventes décoller de 49% à changes constants, au lieu des 32% prévus, après une envolée de 45% en 2017.
Gucci continue de gagner des parts de marché, portée par le succès du style flamboyant et baroque de son designer Alessandro Michele, la rénovation de son réseau de magasins, une refonte de sa logistique et une stratégie digitale hautement efficace qui lui a permis de considérablement rajeunir sa clientèle.
Les "millenials" (20-35 ans) comptent maintenant pour plus de la moitié de son chiffre d'affaires et ses ventes en ligne ont décollé de plus de 100% au premier trimestre.
La marque a aussi étoffé son offre avec succès, proposant aux jeunes clients des produits plus accessibles, étendant aussi ses lignes pour hommes et ses accessoires.
Sa performance laisse loin derrière celle des meilleurs élèves du secteur comme Louis Vuitton, propriété de LVMH (PA:LVMH), dont les ventes ont grimpé d'environ 16% en début d'année.
Comme ses concurrents, elle est portée par un puissant moteur chinois mais a aussi signé une spectaculaire progression de plus de 60% aux Etats-Unis.
"NORMALISATION" DE GUCCI DANS L'ANNEXE
Après une telle explosion, la "normalisation" de sa croissance constitue un enjeu de taille et certains analystes s'interrogent sur son évolution à moyen terme.
"Gucci continue d'investir dans la communication et dans son appareil de production et bâtit ainsi les conditions d'une croissance durable", a déclaré Jean-Marc Duplaix, directeur financier de Kering, lors d'une conférence téléphonique avec la presse.
Il a dit tabler sur une normalisation de la croissance de la marque en 2018, "mais à un rythme qui restera très élevé".
Il a également souligné que la croissance était surtout tirée par la hausse du trafic dans les magasins, les hausses de prix ayant été limitées à 5% en moyenne au premier trimestre, sauf dans la zone euro.
En 2018, la rentabilité opérationnelle de Gucci devrait être supérieure au consensus de 35,4%, a-t-il par ailleurs indiqué aux analystes. La marge avait atteint 34,2% en 2017.
Gucci, qui a dépassé tous ses objectifs de moyen terme fixés en juin 2016, tiendra une journée investisseurs le 7 juin.
Le risque de lassitude, la fidélisation de la masse de ses nouveaux clients ou l'évolution de sa ligne créatrice sont autant de défis pour la griffe à moyen terme.
Saint Laurent, qui a engrangé une croissance organique de plus de 20% pendant sept ans d'affilée, a légèrement décéléré (+19,6%) tandis que Bottega Veneta, en plein repositionnement, a limité sa hausse à 0,7%.
Balenciaga, nouvelle étoile montante de Kering dont les ventes sont estimées aux environs de 500 millions d'euros, a signé "la plus forte croissance organique des marques du groupe", a précisé le directeur financier.
Au total, les ventes de Kering ont totalisé 3,11 milliards d'euros au cours des trois premiers mois de l'année, dépassant les 2,82 milliards du consensus établi par Inquiry Financial.
Les chiffres correspondent au nouveau périmètre du groupe entièrement recentré sur le luxe après la cession prévue d'une majorité du capital de l'équipementier sportif Puma, de la vente annoncée de Volcom et de la sortie de la coentreprise avec Stella McCartney.
(Edité par Matthieu Protard)