PARIS (Reuters) - Benjamin Griveaux et Cédric Villani ont chacun engrangé dimanche de nouveaux soutiens publics en vue des élections municipales de mars 2020 à Paris, qui pourraient virer à la guerre fratricide entre les deux députés issus de La République en marche (LaRem).
Le mathématicien Cédric Villani, à qui l'investiture de LaRem a échappé en juillet au profit de Benjamin Griveaux, dira mercredi s'il lance une candidature dissidente - une intention que lui prêtent plusieurs journaux - ou s'il renonce.
En attendant sa décision, 131 personnalités, parmi lesquelles les écrivains Erik Orsenna et Fatou Diome, l'historien Benjamin Stora, l'islamologue Gilles Kepel et l'économiste Philippe Aghion, ont signé une tribune dans Le Parisien Dimanche l'exhortant à se maintenir.
Ces intellectuels et chefs d'entreprise louent la "détermination", la "bienveillance" et la "faculté à écouter" de l'ex-lauréat de la médaille Fields, la plus haute distinction pour un mathématicien, qui a selon eux "démontré sa capacité à s'entourer des meilleures compétences, à diriger des équipes, à négocier sans conflit et à jouer collectif".
Lors de la campagne interne à LaRem, ce scientifique venu à la politique sur le tard avait déjà reçu plusieurs soutiens de poids, notamment celui de l'ex-secrétaire d'Etat Mounir Mahjoubi, passé par la suite dans le camp de Benjamin Griveaux.
Ces faveurs ne l'ont pas empêché de perdre face à son principal adversaire, au terme d'une procédure à ses yeux cadenassée.
"PATIEMMENT, MÉTICULEUSEMENT"
Le candidat officiel de LaRem a pour sa part obtenu le ralliement de l'élu parisien Jean-Baptiste de Froment (ex-Les Républicains) et celui de l'UDI (Union des Démocrates et Indépendants, centre droit), qui avait fait alliance avec la droite lors de la dernière campagne municipale, en 2014.
Dans une interview au Parisien Dimanche, le président du parti centriste dit vouloir "travailler" avec Benjamin Griveaux qui, justifie-t-il, "porte en lui une volonté de rassemblement nécessaire à tout maire".
Partisan d'un rassemblement allant du centre gauche au centre droit, l'ancien porte-parole du gouvernement, jadis encarté au Parti socialiste, s'était déjà acquis cette semaine l'appui de la maire du IXe arrondissement, Delphine Bürkli, élue il y a cinq ans sous les couleurs de l'UMP.
"J'ai réuni des soutiens issus de tous les bords politiques depuis des mois, patiemment, méticuleusement", a fait valoir, sur franceinfo, Benjamin Griveaux.
Ce dernier tente d'adoucir une image écornée notamment par la publication cet été, dans Le Point, de propos peu amènes pour ses anciens concurrents dans la course à l'investiture de LaRem ("abrutis"), voire orduriers ("fils de p..."), qu'il a tenus en privé.
Sur franceinfo, l'ex-secrétaire d'Etat a par ailleurs exprimé la "conviction pour ne pas dire la certitude" que le camp présidentiel finirait par se présenter soudé aux municipales de l'an prochain, "quel que soit ce qui se passe dans les jours qui viennent".
"Nous avons un seul objectif : proposer une offre politique nouvelle aux Parisiens et faire en sorte qu'Anne Hidalgo la maire socialiste sortante-NDLR) ne fasse pas un autre mandat", a-t-il dit.
(Simon Carraud, édité par Tangi Salaün)