Investing.com - Le président de la Securities and Exchange Commission (SEC), Gary Gensler, a passé un moment difficile mardi devant la Chambre des représentants US, qui a vivement critiqué la répression de son agence contre les plateformes d'échange de crypto-monnaies.
Au cours d’un témoignage qui a duré plus de 4 heures, Gensler a fermement défendu son point de vue selon lequel les plateformes d'échange de crypto-monnaies et les bourses devraient se conformer aux lois américaines strictes sur les valeurs mobilières.
"Toutes ces entreprises devraient se conformer à la loi, et jusqu'à ce qu'elles le fassent, nous continuerons à les poursuivre, à enquêter et à suivre les faits et la loi", a déclaré Gensler.
Les républicains ont critiqué le fait que les règles de divulgation de la SEC ont été conçues pour réglementer les marchés traditionnels et qu'elles sont mal adaptées aux échanges décentralisés de monnaies numériques.
La SEC « met en danger la compétitivité américaine »
"Votre approche pousse l'innovation à l'étranger et met en danger la compétitivité américaine", a par exemple déclaré le président de la commission, Patrick McHenry, R-N.C., à M. Gensler au début de l'audition.
"La réglementation par l'application n'est ni suffisante ni durable", a ajouté McHenry, l’accusant de punir "les entreprises d'actifs numériques pour ne pas avoir adhéré à la loi alors qu'elles ne savent pas qu'elle s'appliquera à elles", un argument rejeté par le patron de la SEC.
"Nous avons tout un secteur dans la crypto qui comprend la loi, et s'ils fournissent des services d'échange, des services de courtier, des services de compensation de jetons de sécurité crypto, ils devraient se mettre en conformité", a en effet déclaré Gensler.
Gensler pousse les entreprises cryptos dans les mains de la Chine
Le député Tom Emmer (R-MN) s'est, lui aussi, montré véhément envers Gensler, l’accusant d’avoir "été un policier incompétent", avant d'affirmer que M. Gensler poussait les entreprises américaines dans les "mains du PCC (Parti communiste chinois)".
Il a par ailleurs déploré l’inaction de la SEC dans la création d’un cadre réglementaire pour les cryptos :
"Au cours de votre mandat à la SEC, combien de règles ont été finalisées par la SEC qui tiennent compte du cadre réglementaire existant et qui sont spécifiquement destinées à l'industrie des actifs numériques afin que le marché des crypto-monnaies puisse se mettre en conformité ? La réponse est zéro", a-t-il déclaré.
Gensler refuse d'aborder les affaires FTX et Coinbase (NASDAQ:COIN)
À noter que Gensler a refusé de discuter des détails de son enquête sur l'effondrement de FTX et, ainsi que de l'avis Wells qu'il a adressé à Coinbase le mois dernier, selon lequel la bourse de cryptomonnaies faisait l'objet d'une enquête.
Gensler a par ailleurs suggéré que le système de régulation financier US a subi avec succès l’épreuve du temps, et que c’est aux cryptos de s’y adapter, et non l’inverse :
"Nous avons un cadre réglementaire clair construit sur 90 ans", a-t-il déclaré. Les échanges sont "juste un tas d'intermédiaires sur ce marché qui pensent qu'ils ont le choix. Ils n'ont pas le choix. Ils ne sont généralement pas en conformité avec la réglementation, et ils doivent s'y conformer", a-t-il ajouté.
Les USA agissent comme un empire vieillissant face aux cryptomonnaies
Enfin, Omid Malekan, professeur adjoint à la Columbia Business School, qui a commenté l’action de la SEC en marge de l’intervention de Gensler devant le Congrès, a qualifié l'attitude du gouvernement américain de mal informée.
"Elle est contre-productive", a-t-il déclaré. "Je suis presque gêné de dire que l'Amérique agit maintenant comme un empire vieillissant qui se sent simplement menacé par un nouveau type de système financier" a-t-il ajouté.
Il a de plus déploré qu’"au lieu d'essayer de comprendre comment évoluer pour l'embrasser, il y a cette arrogance au sein de ces cercles de réglementation qui consiste à dire : "Eh bien, nous allons juste l'arrêter. Nous allons traiter les crypto-monnaies selon nos conditions... en utilisant des lois très obsolètes."
Il a par ailleurs estimé que " cette technologie se généralisera parce qu'elle résout des problèmes importants", prévenant que "si elle ne trouve pas sa place en Amérique, elle la trouvera ailleurs. Cela signifie qu'une grande partie des emplois et des recettes fiscales iront désormais à des pays autres que les États-Unis."