Le gouvernement portugais devait dévoiler lundi les résultats de la dernière mission d'évaluation de son plan d'austérité par ses créanciers, qui devrait ouvrir la voie au déblocage d'une nouvelle tranche de crédit de 2,7 milliards d'euros.Les conclusions de la 10e évaluation des comptes du Portugal seront présentées à partir de 16H00 GMT lors d'une conférence de presse donnée par le vice-Premier ministre Paulo Portas et la ministre des Finances Maria Luis Albuquerque. Cet examen est une étape importante à moins de six mois de la sortie du Portugal de son programme d'aide de 78 milliards d'euros prévue pour juin 2014.Afin de ramener le déficit public du Portugal à 4% en 2014, contre 5,5% en 2013, le gouvernement de centre droit a administré une nouvelle cure d'austérité au pays, prévoyant des économies et hausses d'impôts de 3,9 milliards d'euros.Les inspecteurs de la troïka (UE-FMI-BCE), qui ont rencontré tour à tour syndicats, patrons et députés portugais, sont restés sourds aux appels en faveur de l'assouplissement de la politique de rigueur.Lors du dernier passage de la troïka en septembre, le pays lui avait déjà demandé en vain de desserrer la bride et de porter l'objectif de déficit à 4,5% l'an prochain.Jusqu'ici fervent adepte de l'austérité, le Premier ministre Pedro Passos Coelho a changé de ton vendredi, dénonçant "l'hypocrisie" du Fonds monétaire international (FMI) qui prône, selon lui, l'allègement de la rigueur sans pour autant traduire ce discours en actes.A l'instar de l'ensemble de la classe politique portugaise, il réagissait ainsi au mea culpa de la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, qui avait reconnu mardi que les créanciers avaient exigé du Portugal "trop de consolidation budgétaire, trop vite". Les chefs de mission, qui étaient arrivés le 4 décembre, ont clairement laissé entendre que le Portugal devait maintenir le cap de l'austérité s'il voulait continuer à bénéficier de l'aide internationale. En attendant le plan BOr, certaines mesures du budget risquent d'être censurées par la Cour constitutionnelle qui a déjà retoqué plusieurs mesures ces deux dernières années. Saisis par le président portugais Anibal Cavaco Silva, les 13 juges doivent ainsi se prononcer avant la fin de la semaine sur une mesure très contestée qui prévoit des coupes de près de 10% dans les retraites des fonctionnaires.En cas de censure, le gouvernement est tenu de la remplacer par des économies équivalentes. Pour alléger le fardeau des retraités, le gouvernement avait ramené l'impact réel de cette mesure de 728 à 388 millions d'euros."Si les coupes dans les pensions sont invalidées par la Cour, le Portugal doit présenter rapidement une alternative crédible pour éviter que ses taux d'emprunt dérapent", a déclaré à l'AFP Pedro Lino, analyste de Dif Broker.D'accord sur le principe, le gouvernement a toutefois refusé de présenter un plan B pendant ses négociations avec la troïka, qui a finalement accepté de conclure sa mission avant de connaître le verdict de la Cour constitutionnelle.Les créanciers du Portugal ont mis en garde contre un nouveau rejet de mesures d'austérité par la justice, qui risquerait selon eux de mettre en péril la sortie du pays de son programme d'assistance.Soucieux de donner des gages à ses créanciers, le Portugal a promis de lancer une émission d'obligations à long terme début 2014 pour préparer son retour aux marchés, après avoir déjà réussi à réduire ses remboursements dans les deux prochaines années grâce à un échange de dette.Mais les analystes restent sceptiques: "On a du mal à imaginer comment un emprunt à dix ans peut être un succès tant que les taux d'intérêt restent à 6%", a commenté à l'AFP Joao Pereira Leite, analyste de Banco Carregosa.